Ne soyez pas surpris si votre cuvée préférée porte la mention «ce vin contient du lait et des oeufs». Un nouveau règlement de Santé Canada aura bientôt pour effet de changer l'étiquetage des vins. Il obligera les vignerons à inscrire la liste des produits allergènes présents dans leurs bouteilles, et ce, dès le 4 août prochain.

Les viticulteurs utilisent notamment le lait et les oeufs afin d'extraire les particules solides qui se trouvent en suspension dans leurs vins. On appelle ce procédé le «collage» puisque les résidus se collent à ces ingrédients ajoutés. Ils sont par la suite entraînés au fond du contenant avant d'être enlevés.

Ni Santé Canada ni la Société des alcools du Québec (SAQ) n'ont été en mesure d'évaluer combien de bouteilles seront touchées par cette nouvelle politique. Mais selon le porte-parole de Santé Canada, Sébastien Lavieille, peu de cuvées contiennent ces aliments allergènes.

«Quand on utilise un procédé de filtration assez poussé, la présence des protéines de lait ou d'oeufs est extrêmement réduite, dit-il. À tel point, qu'il n'est pas possible de les détecter.»

Il ajoute que les vins non filtrés et élaborés selon des processus artisanaux pourraient davantage être concernés par cette mesure.

Selon Santé Canada, aucun cas d'allergie lié aux oeufs ou au lait contenu dans le vin n'a jamais été recensé au pays. L'Europe a aussi adopté cette nouvelle politique. Elle entrera en vigueur l'été prochain.

Moins de six mois avant le début de cette nouvelle politique, il règne toujours une certaine confusion autour de ce règlement. La SAQ et la LCBO (le monopole ontarien) ont avisé leurs partenaires que les cuvées antérieures à 2013 ne seraient pas visées par cette mesure. Or, Sébastien Lavieille réfute cette thèse. Une dérogation, dit-il, pourrait être ajoutée pour les «vieux vins», mais elle n'a pas toujours été adoptée.

La bière, exemptée

La nouvelle politique d'étiquetage d'Ottawa vise également tous les produits contenants du gluten et des sulfites. Santé Canada permet toutefois une exception: la bière.

«Les industriels exprimaient des réticences à étiqueter le gluten, explique Sébastien Lavieille, parce que justement la plupart des autres juridictions ne l'étiquettent pas. Donc ça pouvait poser un problème d'ordre économique pour les fabricants.»

Bien que cette boisson soit produite à partir de céréales qui contiennent du gluten, l'agence fédérale considère que les personnes intolérantes à ce composé sont déjà au fait du danger que constitue pour eux la consommation de bière.

Quant à l'étiquetage des sulfites, cette politique n'a rien d'étonnante. Il est en effet déjà obligatoire en Europe ainsi qu'aux États-Unis de mentionner la présence de ce produit dans le vin lorsque sa concentration dépasse les 10 parties par million.