Repassage, courses, cuisine: le fait que les femmes continuent de se charger de la grande majorité des tâches domestiques au sein du couple n'est pas une nouveauté, mais une étude montre que l'arrivée d'un enfant accentue ces inégalités entre conjoints.

«Parmi les femmes en couple âgées de 20 à 49 ans, 8 sur 10 s'occupent toujours ou le plus souvent du repassage, 7 sur 10 de la préparation des repas, la moitié de l'aspirateur et des courses d'alimentation», a rappelé l'Institut national français d'études démographiques (Ined), citant une enquête de 2005.

Les personnes interrogées pour cette première enquête Erfi (Etude des relations familiales et intergénérationnelles), menée par l'Ined, ont été réinterrogées trois ans plus tard, en 2008.

Résultat: la naissance d'un enfant «accentue le déséquilibre du partage des tâches entre conjoints», a observé l'Ined dans le numéro de novembre de sa publication «Population et Sociétés».

Et le déséquilibre «devient particulièrement prononcé chez les couples ayant déjà un ou plusieurs enfants au premier entretien et qui se retrouvent avec un enfant supplémentaire de moins de trois ans».

Ce renforcement du déséquilibre se manifeste pour la plupart des tâches, de la préparation des repas aux courses alimentaires, en passant par l'aspirateur, la tenue des comptes et même «dans l'organisation de la vie sociale» du couple.

L'étude détaille l'exemple de la préparation des repas. Son partage entre conjoints est stable chez les couples qui n'ont pas eu d'enfant supplémentaire dans les trois années d'intervalle entre les deux enquêtes Erfi.

Mais pour les autres, la proportion des femmes qui s'occupent toujours ou le plus souvent de cette tâche est passée de 51 à 58% s'il s'agit d'un premier enfant, et de 72 à 77% si c'est un enfant en plus.

L'arrivée d'un enfant «conduit à des ajustements professionnels qui touchent principalement la femme», laquelle aurait donc tendance à s'impliquer encore plus dans les tâches domestiques, avance l'auteur de l'étude comme interprétation partielle de ces résultats.

Entre les deux vagues de l'enquête Erfi, la femme a ainsi cessé ou réduit son activité dans 25% des cas pour les premières naissances et dans 32% des cas pour un enfant supplémentaire.

Les personnes sollicitées ont à chaque fois été questionnées sur leur «satisfaction» par rapport à la répartition des tâches dans leur couple. «Les femmes les moins satisfaites appartiennent à des couples où elles assument presque toute l'organisation ménagère», indique l'Ined.

L'insatisfaction des femmes augmente avec le nombre d'enfants, et elle augmente après la naissance d'un enfant, une «dégradation liée au creusement du déséquilibre dans la répartition des tâches». En revanche, du côté des hommes, le nombre d'enfants n'a «aucun effet» sur le degré de satisfaction.

«L'arrivée d'un enfant s'accompagne de tâches supplémentaires, parentales notamment, elles aussi le plus souvent assumées par les femmes», qui s'ajoutent pour elles à l'éloignement du marché du travail et à leur prise en charge plus prononcée des tâches domestiques.

Conclusion de l'auteur, masculin: «malgré l'idéal d'égalité, la répartition des tâches au sein du couple reste fortement déséquilibrée».