L'hôtel où s'est noyé un garçon de 12 ans samedi n'en était pas à sa première noyade. Le Holiday Inn Montréal Aéroport fait face à une poursuite de 5 millions intentée par la famille d'un Ontarien mort dans les mêmes circonstances il y a 4 ans.

Jean-Gardy Bienvenu, le jeune Gatinois qui s'est noyé dans la piscine extérieure du Holiday Inn, n'est donc pas le premier à perdre la vie après s'être baigné à l'hôtel de la Côte-de-Liesse, à Saint-Laurent.

En août 2004, le corps d'un Ontarien a été retrouvé au fond de la piscine intérieure de l'hôtel. In-Hoe Cheong, ingénieur de 48 ans originaire de la Corée-du-Sud, est probablement mort noyé, conclut le rapport du coroner Rafael Ayllon.

La famille de la victime, qui habite près de Toronto, a intenté une poursuite au Québec contre l'hôtel en août 2007. Elle réclame 5,2 millions. «Selon la famille, le sauveteur de l'hôtel se trouvait dans le bureau au moment de l'incident, explique leur avocat, Rod Byrnes. Nous alléguons dans notre plaidoyer qu'il y a eu négligence de la part de l'hôtel.» Me Byrnes attend présentement la défense de l'hôtel.

Le père de Jean-Gardy furieux

Informé de ce premier cas par La Presse, le père de Jean-Gardy, Luigis Bienvenu, était furieux. «Quoi? Il a eu un autre cas de noyade avant celle de mon fils et l'hôtel n'a rien fait pour améliorer la situation? C'est incroyable!» s'est-il exclamé.

La gorge serrée, Luigis Bienvenu a confié qu'il attendait que l'enquête policière soit bouclée avant de décider s'il allait poursuivre ou non le Holiday Inn. «Mais si on laisse l'hôtel continuer comme ça, d'autres familles vont encore souffrir», a-t-il déploré.

Le directeur général du Holiday Inn Montréal Aéroport, Milroy Fernando, n'a pas commenté la situation. «Je ne suis pas au courant de ce premier cas de noyade, puisque je n'étais pas directeur à l'époque», dit-il, offrant ses condoléances à la famille Bienvenu.

Me Rod Byrnes estime que la cause qu'il défend pourrait avoir un impact sur une éventuelle poursuite de la famille Bienvenu. «Un sauveteur est employé pour deux choses: surveiller et agir rapidement.»

Le président de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins, estime qu'il est difficile de déterminer s'il y a eu négligence. «Au Québec, les règlements pour la surveillance aquatique dans les établissements touristiques varient en fonction de la grandeur de la piscine, dit-il. Pour une piscine de moins de 100 m2, la responsabilité de surveiller incombe davantage à la famille qu'au surveillant.»

L'hôtel Holiday Inn n'a pas été en mesure hier de divulguer la taille de ses piscines et les qualifications exactes des sauveteurs.