Accompagnée de son fiston, Élodie Petit a participé dimanche matin au marchethon annuel pour le sida de la Fondation Farha. Pour elle, c'était important de venir avec Boran, six ans.

«Dans les écoles, il y a de moins en moins de campagnes de prévention contre le sida, a-t-elle souligné. Mon fils est encore jeune, mais il faut commencer à démystifier la maladie pour aller au-delà des préjugés.»

À l'instar d'Élodie Petit, les participants de la dix-huitième édition du marchethon ont été nombreux à dénoncer le manque de ressources allouées à la prévention et l'intérêt décroissant des médias pour la cause. Selon les organisateurs, plus de 6000 personnes ont défilé dans les rues du centre-ville.

«On a beaucoup de difficulté à passer le message aux gens, à les convaincre à quel point il est important de se protéger en tout temps, a dit Evelyn Farha, présidente honoraire de la Fondation Farha. Une fois, c'est une fois de trop.»

Mme Farha s'occupe de la Fondation depuis le décès de son fils Ron, emporté par le sida en 1993 à l'âge de 36 ans. Elle constate avec regret que les gens prennent la maladie moins au sérieux qu'avant.

«Ils pensent que ça n'existe plus, qu'ils ont seulement à prendre le cocktail et ça s'en va, a dit Mme Farha. Les médicamentas font vivre plus longtemps, mais ils ne guérissent pas. Si vous attrapez le virus, c'est fini.»

Sébastien (nom fictif) en sait quelque chose. Le Montréalais de 27 ans est porteur du VIH depuis près de dix ans. Il doit prendre des médicaments antirétroviraux tous les jours pour ralentir la progression de la maladie.

«À case des avancées médicales, il y a beaucoup de jeunes qui pensent que la maladie n'existe plus», a constaté Sébastien, qui a marché en compagnie de son copain et de sa soeur.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a rappelé que, malgré les efforts en matière de prévention, le virus gagne encore du terrain au Québec. «Les statistiques sont toujours alarmantes», a rappelé le maire. On estime qu'il y a 18 000 cas de VIH au Québec, dont 10 000 sont sous traitement.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a déploré le manque de financement dédié au dépistage et à la prévention. Pour 2009-2010, le gouvernement provincial a versé 27 millions dans le cadre de sa stratégie de lutte contre les infections transmises sexuellement.

«Le déséquilibre fiscal est loin d'être réglé, et on en voit une conséquence: si Québec n'a pas les sommes nécessaires, ça affecte les services rendus», a-t-il dit.

Jusqu'à présent, la Fondation Farah a amassé quelque 300 000$ dans le cadre de son marchethon. Son objectif est de récolter 450 000$ d'ici la fin de l'année. Pour faire un don: www.farha.qc.ca

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