Le nombre de joueurs pathologiques n'a pas augmenté depuis 2002 dans la province et se chiffre toujours à environ 41 000 personnes, selon la dernière Enquête sur la prévalence des jeux de hasard et d'argent au Québec. Mais les auteures de l'étude ne sont pas rassurées pour autant: un nombre croissant de jeunes parient sur l'internet alors même que Loto-Québec s'apprête à lancer un site de jeu en ligne.

Des 70% de Québécois qui disent s'adonner à des jeux de hasard, environ 1,3% risquent de devenir dépendants, et 0,7% le sont - c'est la même proportion qu'en 2002.

La directrice du Laboratoire sur les habitudes de vie de l'Université Concordia, Sylvia Kairouz, et la directrice scientifique du centre Dollard-Cormier, Louise Nadeau, ont sondé plus de 11 000 adultes québécois au cours de l'été 2009 pour tirer ces conclusions.

Les auteures se réjouissent du fait que le nombre de joueurs pathologiques reste stable. Mais elles estiment qu'il ne faut pas pour autant baisser la garde. «Pour chaque personne qui a un problème de jeu, plusieurs personnes de son entourage sont touchées», explique Mme Kairouz.

Elle ajoute que même si la participation aux jeux de hasard en ligne n'a pas augmenté depuis 2002 (environ 1,4% des adultes s'y adonnent) et que le phénomène reste marginal, il faut «continuer de surveiller de près ce secteur». «Les joueurs les plus à risque de devenir dépendants et ceux qui dépensent le plus sont ceux qui utilisent les appareils de loterie vidéo (ALV) et les jeux en ligne» rappelle Mme Kairouz.

«Les jeunes jouent aussi de plus en plus, surtout sur l'internet. Il faut surveiller ça de près. Et il faut des stratégies ciblées pour tous les groupes afin de faire une prévention adéquate», croit Mme Nadeau.

Mieux informer

Chercheur à la Direction de la santé publique de Montréal, Jean-François Biron reconnaît que le nombre de joueurs en ligne n'a pas augmenté depuis 2002. «Mais on sait que ceux qui s'y adonnent dépensent jusqu'à 10 fois plus que la moyenne des joueurs (9903 $ par année). Pour les ALV, c'est six fois plus (3972 $ par année). On a d'ailleurs été surpris de voir que l'utilisation des ALV a augmenté chez les 18-24 ans. On sait aussi que 5% des jeunes de moins de 18 ans jouent à des jeux de hasard en ligne. Il faut informer les jeunes des dangers que cela comporte», plaide M. Biron.

Alors que Loto-Québec s'apprête à lancer une offre de jeu en ligne, M. Biron aimerait que le tout soit bien encadré. Il aimerait aussi qu'un organisme autre que Loto-Québec soit mandaté pour faire de la prévention auprès de la population.

De son côté, Loto-Québec se dit «rassurée» de voir que le nombre de joueurs pathologiques n'augmente pas au Québec. «On sait aussi que le jeu sur l'internet fait maintenant partie du paysage, mais que son utilisation ne croît pas. On est content de voir que c'est stable dans l'ensemble», note le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy.

Il ajoute que le nouveau site de jeu en ligne de Loto-Québec sera doté de «mesures de précaution que l'on ne trouve pas actuellement sur les sites illégaux de pari en ligne». «Les gens exclus des casinos ne pourront pas jouer en ligne. Les gens pourront aussi désigner des périodes où ils ne seront pas admis», illustre-t-il.