Chaque jour, 238 enfants sont signalés aux directions de la protection de la jeunesse (DPJ) du Québec. Cette année seulement, un peu plus de 86 800 signalements ont été traités, une hausse de 4,8% par rapport à l'an dernier, révèle le dernier bilan des DPJ de la province.

Les causes

La négligence demeure le principal motif de signalement, mais une hausse constante est constatée pour des raisons comme les mauvais traitements physiques ou psychologiques. «Il y a beaucoup trop d'enfants en détresse», affirme Michelle Dionne, directrice de la protection de la jeunesse du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Est-de-l'Île-de-Montréal.

Principaux motifs de signalement

• Abandon: 90

• Mauvais traitements physiques et risques de mauvais traitements physiques: 10 466

• Agressions sexuelles et risques d'agressions sexuelles: 3378

• Mauvais traitements psychologiques: 5016

• Négligence et risques sérieux de négligence: 12 321

• Trouble de comportement sérieux: 3422

Les années passent, la hausse demeure 

Maryse Davreux, directrice de la protection de la jeunesse au CISSS de la Montérégie-Est, précise que depuis 1979, les signalements ont connu une hausse de 189% au Québec. Mme Davreux indique qu'il est difficile d'expliquer cette hausse, mais qu'une analyse de la situation serait «une bonne idée». «Différentes raisons peuvent expliquer cette hausse, comme le contexte socio-économique, politique, familial... C'est inquiétant de voir cette augmentation, et on invite les chercheurs qui seraient intéressés par ce genre d'étude à se manifester», dit Assunta Gallo, directrice de la protection de la jeunesse du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal.

Différentes régions, différentes réalités

La région de Laval a enregistré une hausse des signalements de 16% cette année, alors que Montréal n'a subi aucune augmentation. Le directeur de la protection de la jeunesse du CISSS de Laval, Jacques Dubé, ne s'explique pas cette hausse. «Mais je ne m'en alarme pas pour autant», dit-il. M. Dubé indique que le fait que la population et les intervenants du milieu soient mieux informés de l'existence des DPJ peut notamment expliquer cette hausse.

Augmentation des signalements des DPJ de la région de Montréal

• Centre jeunesse et de la famille Batshaw: +10%

• Centre jeunesse de Montréal, Institut universitaire: 0%

• Laval: + 16%

• Lanaudière: + 9%

• Montérégie: 0%

Contexte budgétaire serré

Sans critiquer les mesures de restrictions budgétaires du gouvernement, Mme Davreux signale que «les services aux enfants et aux adolescents doivent être considérés comme un investissement vers l'avenir». Les DPJ ignorent pour l'instant les efforts budgétaires qui seront demandés aux établissements de santé cette année. «Les budgets de protection à l'enfance sont protégés. On ignore toutefois l'ampleur des restrictions dans les secteurs cliniques», explique Mme Dionne, qui ajoute que la création des CISSS avec le projet de loi 10 «aidera les DPJ à améliorer la prévention».

Fausses alertes

Les signalements envoyés aux DPJ ne sont pas tous retenus.

• Nombre de signalements reçus: 86 861

• Nombre de signalements retenus: 34 693

• Nombre d'enfants dont la situation a été prise en charge par les DPJ: 31 935