Chantal Racette baisse pavillon. Éjectée de son poste de présidente à la suite de la mise en tutelle du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, en mai dernier, Mme Racette a décidé de ne pas se représenter pour obtenir un deuxième mandat.

Dans une lettre transmise à La Presse, l'ex-leader syndicale explique vouloir faire passer l'intérêt collectif avant son intérêt personnel. Elle dit constater que la tutelle «paralyse actuellement toute démocratie syndicale et toutes actions pour défendre efficacement l'intérêt des membres». Mais plus encore, elle déplore que le syndicat des cols bleus en soit réduit à un rôle mineur alors qu'il « était devenu une ruche, un château fort et un refuge pour les bleus».

Sa réflexion l'aurait ainsi menée à cesser son opposition à la décision du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) national qui a décrété la tutelle pour une période indéterminée en invoquant de «graves difficultés de fonctionnement» au sein de la section locale 301. Mme Racette souhaite ainsi faire passer son message au président national, Mark Hancock : «Il est grand temps de procéder tel que promis aux élections d'un nouvel exécutif syndical alors que des négociations importantes se passent et que d'autres se préparent, sans qu'un décideur élu au suffrage universel avec de réels pouvoirs pour représenter l'ensemble de nos membres soit aux tables de négociation!»

Un mois après le déclenchement de cette mesure d'exception qui a neutralisé Mme Racette et tous les membres de son exécutif, entraîné le gel des comptes bancaires du syndicat et imposé un administrateur qui a pleins pouvoirs sur la structure syndicale de 6500 membres, la présidente déchue avait tenté de renverser la procédure. Sa contestation a été vaine.

«Bien que le fait d'être dépouillée de mes responsabilités de présidente soit injuste, je continuerai de militer avec conviction et honnêteté comme je l'ai toujours fait et me tiendrai disponible pour tout autre rôle où les membres me solliciteraient démocratiquement, bien qu'après les épreuves vécues, je dois avouer n'avoir aucune attente précise», écrit Chantal Racette.

Cette dernière estime que sa «plus grande erreur aura été de faire ombrage à un dirigeant désigné non élu, et d'avoir sous-estimé son grand pouvoir d'influence».

Une semaine avant la mise en tutelle, le SCFP national avait dépêché un «envoyé spécial» pour tenter d'éclaircir la situation et vérifier les finances syndicales.

Mme Racette était critiquée pour des dépenses jugées excessives, notamment le remboursement de ses cotisations personnelles à son fonds de retraite ainsi que celles du secrétaire-trésorier, en puisant dans la caisse des cols bleus.

Chantal Racette a refusé de faire d'autres commentaires.