(MONTRÉAL) Le 28 février marque le sixième anniversaire du système de paie Phénix, connu pour ses ratés depuis son lancement. Le nombre de dossiers en arriéré a même augmenté depuis le début de la pandémie, atteignant 141 000, affirme le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux.

« Depuis le lancement de Phénix en 2016, il n’y a pas eu une seule paye sans erreur importante. Pas une seule », lance le président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Chris Aylward, dans une lettre transmise à ses membres.

« Si les problèmes de paye les plus importants sont en grande partie chose du passé pour les fonctionnaires fédéraux, ils ont été remplacés par quelque chose de moins grave, mais de plus sournois. Bon nombre de travailleuses et travailleurs ont l’impression de subir le supplice de la goutte d’eau. Paye après paye, ils constatent des problèmes mineurs, mais agaçants, et en viennent à se demander s’il y a effectivement erreur, ou s’ils imaginent des choses. Ils doivent ensuite attendre des heures au téléphone pour essayer de démêler la situation, des mois avant de recevoir un suivi, et des années avant que leurs problèmes soient résolus », ajoute le dirigeant syndical.

Il revient donc à la charge avec sa demande d’obtenir une enquête publique nationale sur les ratés de Phénix.

Il ne fait aucun doute que le système Phénix est une honte nationale pour laquelle plusieurs dirigeants portent le chapeau, du gouvernent conservateur de Stephen Harper qui l’a créé aux Libéraux de Justin Trudeau qui l’ont mis en fonction en grande hâte alors qu’il n’était pas prêt.

Extrait d'une lettre du président national de l’AFPC, Chris Aylward

« Toute la lumière ne sera jamais faite sur l’étendue de cette catastrophe monumentale et ses conséquences pour les fonctionnaires et les contribuables sans une enquête nationale publique. C’est la seule façon de tenir le gouvernement responsable de ses erreurs et de faire en sorte qu’elles ne se répètent jamais », ajoute le dirigeant syndical.

Avant Phénix, chaque ministère traitait la paie de ses propres employés, avec l’aide de 2000 conseillers en rémunération pour 101 ministères et organismes.

Le gouvernement Harper pensait économiser 70 millions par année en centralisant la paie avec ce système commercial.

Services publics et Approvisionnement Canada avait donc embauché IBM pour l’aider à concevoir, mettre en œuvre, intégrer et déployer Phénix, rapporte le Vérificateur général dans son rapport de 2017 à ce sujet.

Dans son rapport, le Vérificateur général avait estimé qu’« au 30 juin 2017, le montant résultant d’erreurs de paie qu’il restait à rembourser ou à verser s’élevait à plus de 520 millions ». Et la facture a continué de grimper.

L’AFPC a depuis négocié un dédommagement général de 2500 $ pour ses membres, à raison de 1000 $ pour 2016-2017, puis 500 $ pour chacun des exercices 2017-2018, 2018-2019 et 2019-2020.

Autre dédommagement réclamé

Mais comme les problèmes de Phénix persistent depuis, l’Alliance veut amorcer des pourparlers avec le Conseil du trésor pour obtenir un autre dédommagement pour ses membres.

Le gouvernement fédéral a fini par se résigner et a déjà annoncé qu’il remplacerait Phénix. On ne sait pas encore par quel système.

« Comme le gouvernement ne lancera pas son prochain système de paye avant plusieurs années, ce n’est pas demain la veille que les fonctionnaires fédéraux verront la lumière au bout du tunnel », critique M. Aylward.

L’Alliance demande donc au gouvernement fédéral d’embaucher plus de conseillers en rémunération, afin de régler les problèmes de paie au fur et à mesure qu’ils surviennent.

Au Québec, l’Alliance de la fonction publique du Canada est affiliée à la FTQ.