(Québec) Marguerite Blais se défend d’avoir voulu protéger le gouvernement de la Coalition avenir Québec lors de l’enquête publique de la coroner Géhane Kamel, comme l’accuse l’opposition. La ministre assure qu’elle répondrait de la même façon si « la coroner lui reposait les mêmes questions ».

Au centre d’une nouvelle controverse après la publication d’un livre se penchant sur l’hécatombe dans les CHSLD, la ministre responsable des Aînés a défendu la version qu’elle a livrée devant la coroner Géhane Kamel, en janvier dernier. « Si j’avais à repasser devant la coroner et si elle me reposait les mêmes questions, je répondrais en mon âme et conscience de la même façon », a plaidé la ministre à son arrivée au Salon bleu.

L’ouvrage des journalistes de La Presse Katia Gagnon, Ariane Lacoursière et Gabrielle Duchaine révèle pourtant des entrevues inédites avec Mme Blais et sa cheffe de cabinet, Pascale Fréchette, qui entrent en contradiction avec le récit de la ministre lors de l’enquête publique. On apprend que les deux femmes « ont hurlé » dans la cellule de crise pour faire cesser les transferts en CHSLD, au printemps 2020.

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Or, devant la coroner, elle a plutôt affirmé que les CHSLD n’étaient sur l’écran radar de personne à cette époque.

Lui a-t-on demandé de protéger le gouvernement dans son témoignage, comme le suggère l’opposition ? « Jamais, jamais », a tranché la ministre Blais en mêlée de presse. Elle a réitéré que de transférer des patients des hôpitaux vers les CHSLD était « ce qu’il fallait faire » au début de la pandémie alors que « tous les yeux étaient tournés vers l’Europe, où les hôpitaux débordaient ».

Accusée d’avoir « changé sa version »

Ces réponses n’ont calmé ni le Parti libéral ni le Parti québécois, qui ont talonné la ministre au Salon bleu.

« Un livre sort où la ministre se défend en disant que la cellule de crise a continué de transférer des patients vers les CHSLD même si son équipe et elle hurlaient », a relaté le député libéral André Fortin.

« On a deux choix. Croire que la ministre a changé sa version pour la coroner […] ou croire que la ministre criait sur tous les toits qu’il fallait arrêter les transferts, mais que la cellule de crise, le premier ministre et le ministre de la Santé l’ont ignorée. […] Quelle version il faut croire ? », a-t-il ajouté.

La ministre Blais de répondre : « Au début du mois d’avril, il y a une directive pour arrêter les transferts dans les CHSLD. J’ai appris par le biais de mon cabinet qu’il y avait encore des transferts qui se faisaient et c’est de ça qu’on parle aujourd’hui. C’est là que je me suis objectée. »

En mêlée de presse, elle a précisé que c’est à ce moment qu’elle a « hurlé ».

La députée péquiste Lorraine Richard l’a accusée en Chambre d’avoir « changer sa version » parce qu’elle avait « été très bien préparée par l’équipe de communications de la CAQ ».

Marguerite Blais a martelé qu’elle avait répondu « avec honnêteté » devant la coroner. Elle a aussi indiqué que « quand il y a une crise, il y a des débats, des débats, c’est quelque chose de sain ».

Les partis de l’opposition réclament le déclenchement d’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault.

Mme Blais n’était pas présente mardi lors du dévoilement du Plan santé du ministre Christian Dubé, puisqu’elle était en attente d’un résultat de test de dépistage de la COVID-19. Son résultat étant négatif, la ministre a pu se présenter à la période des questions en après-midi, à Québec.