(Cross Lake) Un chef d’une Première Nation crie du nord du Manitoba se désole que le pape François n’a pas inclus les sépultures anonymes dans ses excuses présentées la semaine dernière pour les abus subis par les élèves autochtones dans les pensionnats.

S’il accueille favorablement les excuses, le chef de Pimicikamak, David Monias, se dit « attristé » de voir que le pape n’a pas reconnu la découverte de ce que l’on pense être des tombes anonymes sur certains anciens sites de pensionnats pour autochtones au Canada.

« On semble constater que plus des sépultures sont découvertes, plus les gens ont tendance à l’accepter. […] Les gens oublient qu’il s’agissait d’enfants et nous devons nous assurer de savoir ce qui est arrivé à ces enfants », a soutenu le chef Monias mardi.

Pimicikamak est l’une des nombreuses communautés des Premières Nations qui se préparent à faire des recherches sur les lieux d’un ancien pensionnat.

La communauté a travaillé avec un chercheur pour identifier les noms complets et partiels de 85 enfants qui, selon elle, sont décédés alors qu’ils fréquentaient l’établissement de la région, également connue sous le nom de Cross Lake.

La communauté a découvert cette information l’année dernière. Environ une douzaine d’enfants recensés n’étaient appelés que « garçon » ou « fille », relate David Monias.

« C’était vraiment dévastateur. Nous étions contents d’avoir (les noms), mais cela a déclenché beaucoup de choses pour nous […] parce que quand vous lisez ces choses, cela a un effet sur vous », a-t-il témoigné.

Précédemment, la communauté était au courant de 30 élèves décédés alors qu’ils fréquentaient l’école grâce à la documentation du Centre national pour la vérité et la réconciliation.

Deux écoles ont opéré dans la communauté qui ont toutes deux été détruites par des incendies, a relaté M. Monias. La communauté est au courant de la présence d’une fosse commune pour les enfants qui sont morts dans l’un des incendies en 1930, a-t-il déclaré. Le Centre national pour la vérité et la réconciliation a documenté la mort d’un enseignant et de 12 enfants.

Une nouvelle école a été reconstruite en 1940. En 1969, les écoles ont été transférées au gouvernement provincial.

M. Monias dit qu’il est prévu de fouiller les lieux avec un géoradar ainsi que d’examiner une collecte de données gouvernementales, médicales et religieuses pour développer une base de données des noms d’étudiants.

« Nous voulons savoir combien d’enfants sont allés à l’école ici, combien sont rentrés à la maison et y a-t-il d’autres enfants disparus ? Et s’ils sont portés disparus, où sont-ils enterrés ?, a-t-il dit. Nous devons raconter toute l’histoire. »

Les recherches au sol, qui n’ont pas encore commencé, pourraient durer de six mois à un an, a mentionné M. Monias.

La communauté prévoit également construire un monument permanent pour honorer la mémoire des anciens élèves, y compris les enfants de Cross Lake qui ont fréquenté d’autres pensionnats.

La Première Nation demande à tous les paliers de gouvernement, ainsi qu’aux autorités de l’Église catholique du Manitoba et du Vatican, de se joindre à l’enquête.

La communauté a envoyé une lettre invitant le pape à visiter Pimicikamak, mentionne M. Monias. Le pape a annoncé son intention de se rendre au Canada, mais aucune date n’a encore été annoncée.

L’école a fonctionné de 1912 à 1969 et était le principal pensionnat du nord du Manitoba.

Le Programme de soutien en santé pour la résolution des questions des pensionnats autochtones dispose d’une ligne d’assistance téléphonique pour aider les survivants et leurs proches souffrant d’un traumatisme évoqué par le rappel d’abus passés. Le numéro est le 1-866-925-4419.