Une certaine accalmie régnait devant le Complexe Guy-Favreau, vendredi matin. Le bureau des passeports était exceptionnellement ouvert durant le jour férié du 24 juin, mais uniquement pour traiter les cas urgents sur rendez-vous. Quelques voyageurs désespérés ont malgré tout tenté leur chance. Avec les nombreux vols annulés et retardés, ils ne sont peut-être pas au bout de leurs peines.

« Il n’y a pas d’accueil, on ne nous rassure pas », lâche Ayache Adaouri, planté devant l’entrée du Complexe Guy-Favreau.

Vendredi matin, une poignée de voyageurs attendaient dans l’espoir d’obtenir un passeport valide, contrastant avec les files interminables des derniers jours. Ouvert malgré le jour férié, le bureau de Service Canada n’acceptait que les personnes qui présentaient un coupon, distribué plus tôt cette semaine.

Au passage de La Presse, vers 10 h 30, M. Adaouri plaidait sa cause devant un employé, sans succès. Lundi, il doit prendre l’avion pour l’Algérie pour une obligation familiale. Le père de famille raconte qu’on lui a donné un rendez-vous oralement, mais qu’il n’a jamais reçu de coupon.

« On est inquiets », dit-il en prenant la relève de sa femme, qui faisait la file depuis 6 h du matin.

Quelques pas plus loin, Aset Sabdulaeva désespère aussi. Elle s’est présentée au bureau des passeports 48 heures avant son vol pour New York, comme le demande Service Canada. Mais comme elle n’a pas de coupon, elle non plus n’a pas pu entrer. « Je suis très déçue », souffle-t-elle.

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Perturbations dans l’industrie aérienne

Ceux qui ont passé des jours et des nuits dehors pour obtenir un passeport valide ne sont peut-être pas au bout de leurs peines. Le retour massif des voyageurs, jumelé au manque de personnel et aux exigences liées à la pandémie, génère des retards, voire des annulations de vols.

Jeudi matin, Catherine Gagnon était en route vers l’aéroport Montréal-Trudeau lorsque Air Canada l’a informée que son vol vers Dallas, où elle doit suivre une formation professionnelle, était annulé. Coup de chance : la jeune femme a réussi à trouver une place sur un vol le soir même… qui a été lui aussi annulé.

« C’est niaiseux, parce que c’est pas grave. Je sais que je suis privilégiée. Mais c’était vraiment stressant, je le ressentais [dans mon corps] », dit-elle.

Par courriel, Air Canada confirme que « des problèmes de personnel au sein des fournisseurs tiers gouvernementaux » et « des problèmes avec le système de gestion des bagages » nuisent aux activités des transporteurs aériens, qui se voient parfois forcés d’annuler des vols ou encore d’« acheminer les bagages avec un certain retard ».

Actuellement, Air Canada compte environ 1000 employés de moins qu’avant la pandémie, et assure 80 % de l’horaire de l’été 2019, précise-t-on.

De son côté, Aéroports de Montréal indique que la pénurie de main-d’œuvre « affecte de nombreux partenaires de la communauté aérienne, ce qui inclut évidemment les compagnies aériennes ».

« C’est une situation qui affecte actuellement la grande majorité des aéroports internationaux à travers le monde », écrit la porte-parole Anne-Sophie Hamel.

Le ciel européen était légèrement perturbé vendredi par des grèves chez Brussel Airlines et Ryanair, qui doivent s’amplifier durant le week-end. Chez Ryanair, plusieurs syndicats d’agents de bord ont appelé à cesser le travail à partir de vendredi et pour plusieurs jours, en Espagne, au Portugal et en Belgique. En Italie et en France, la grève doit débuter ce samedi.

En Belgique, ce mouvement de protestation a obligé la compagnie irlandaise à annuler 127 vols entre vendredi et dimanche au départ et à l’arrivée de Charleroi, où se concentre l’essentiel de son activité.

Avec l’Agence France-Presse

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