La direction de la protection de la jeunesse (DPJ) est intervenue mercredi dans un camp de jour de Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, « sur la base d’éléments signalés ». La direction du camp de même que des parents dénoncent une intervention brusque qui a choqué les enfants.

Hiboux des jeunes est un organisme à but non lucratif qui exploite un camp de jour et un camp de vacances pour des jeunes avec ou sans besoins particuliers, ainsi qu’un centre d’hébergement d’urgence.

Selon Dave Allaire, directeur général de l’organisme, les intervenants de la DPJ sont arrivés au camp mercredi avec des agents de la Sûreté du Québec (SQ) vers 15 h 20. Ils ont aussitôt demandé les coordonnées des parents, qu’ils ont appelés pour qu’ils viennent chercher leurs enfants.

Mes éducatrices ne pouvaient plus parler à aucun enfant, les enfants étaient en pleurs et ne comprenaient pas ce qui se passait.

Dave Allaire, directeur général de l’organisme Hiboux des jeunes

M. Allaire était cependant au parc d’attractions La Ronde à Montréal à ce moment avec une trentaine de jeunes, pendant qu’une centaine d’autres étaient au camp.

Ni lui ni les parents avec qui La Presse s’est entretenue n’ont pu savoir ce qui expliquait la présence de la DPJ. « Par souci de confidentialité, les motifs de l’enquête ne peuvent pas être dévoilés », indique Valérie Maynard, porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides. La SQ n’a pas fait de commentaire, nous renvoyant à la DPJ.

Le message initial, selon M. Allaire et les parents avec qui La Presse s’est entretenue, était que le camp fermait et que les parents devaient aller chercher leurs enfants aussitôt, qu’ils soient au camp ou à La Ronde. La DPJ dit cependant que les parents « ont été invités à retirer leur enfant du camp », mais qu’il ne s’agissait là que d’une « recommandation ».

« C’était vraiment démesuré comme intervention », s’insurge Jessica Dumas-Beaulieu, mère de deux enfants qui fréquentent le camp, dont un qui a des besoins particuliers. « Ce camp a fait des miracles pour mon enfant », assure-t-elle d’entrée de jeu. Mme Dumas-Beaulieu déplore le manque de transparence et les communications contradictoires de la DPJ.

Même son de cloche chez Alina Carlat, qui a été appelée vers 19 h pour aller chercher son fils à La Ronde sans autres explications. « Grâce à Hiboux des jeunes, j’ai retrouvé le sourire sur le visage de mon fils », soutient-elle.

Le groupe qui s’était rendu à La Ronde est revenu en autobus tard en soirée après avoir assisté au feu d’artifice. Les jeunes devaient initialement passer la nuit au camp, mais les parents ont dû venir les chercher sur place immédiatement à la demande de la DPJ. « Ils ont vérifié tous nos bâtiments pour voir si on n’avait pas encore un enfant sur le site », dit M. Allaire.

Fermeture temporaire

Le camp est demeuré fermé jeudi et vendredi, suivant les informations données par la DPJ lors de l’intervention. Il doit cependant rouvrir lundi, les parents et le camp ayant appris qu’en fait, la DPJ n’en avait pas ordonné la fermeture.

Malgré la recommandation de la DPJ, Mme Carlat songe toujours à envoyer tout de même son fils au camp lundi. « Je crois qu’il va être très content » de pouvoir y retourner, dit-elle.

« Une enquête est en cours afin de vérifier les faits allégués », indique de son côté Mme Maynard, du CISSS.