L’idée d’une taxe kilométrique, que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) veut implanter devant la baisse anticipée des revenus liés à la taxe sur l’essence, suscite de nombreux débats. Si plusieurs lecteurs de La Presse soutiennent l’idée de mieux financer le transport collectif sur le fond, d’autres se questionnent sur le bien-fondé de la mesure. Voici, en rafale, quelques réponses obtenues.

Viser les plus polluants

En se basant sur le principe du pollueur-payeur, ce sont les propriétaires de véhicules thermiques qui doivent subir une augmentation de leurs coûts parce qu’ils rejettent des GES avec l’utilisation de leurs véhicules polluants. Une taxe kilométrique ne discrimine pas entre un véhicule qui émet des GES et un véhicule à zéro émission. C’est tout à fait contraire au principe du pollueur-payeur et une telle taxe ne devrait donc pas être adoptée.

François Boucher

Libérer la voie

Inspirer le conducteur à chercher d’autres moyens de se déplacer grâce à son portefeuille réduit les émissions et libère la circulation, afin que les bus électriques puissent vous emmener là où vous allez en temps opportun. Ça devrait même être à l’échelle de la province, et on pourrait également envisager de réduire les limites de vitesse.

Deane Brebner

Solution complexe

Je ne comprends pas pourquoi, qu’il s’agisse de congestion en ville, d’environnement ou d’autre chose, les bureaucrates privilégient toujours l’art de faire compliqué quand ils pourraient faire simple. Obliger les gens à activer une application nécessairement imprécise, certainement possible à contourner et susceptible de poser des problèmes de vie privée pour instaurer une taxation au kilomètre est une solution complexe, qui nécessitera en plus encore des fonctionnaires ou des sous-traitants pour gérer la patente.

Philippe Riondel

En ville, oui, mais pas en région

C’est une excellente idée pour les grandes agglomérations, mais pas en région éloignée où le transport en commun est quasi inexistant et où les automobilistes, par la taxe sur l’essence, subventionnent déjà le transport en commun de la métropole et de la capitale nationale sans en retirer aucun bénéfice.

Josette Allard

Taxer les camions

Les conducteurs de voiture à essence paient déjà en proportion du kilométrage parcouru lorsqu’on considère les taxes prélevées à la pompe. Par contre, les camions en grand nombre qui circulent « gratuitement » sans contribution supplémentaire devraient être taxés davantage. En effet, les avantages que procure un réseau routier aux compagnies lucratives ne sont pas compensés. S’il n’y avait pas de routes, ils devraient en construire et les entretenir pour acheminer les biens qui les enrichissent parfois grandement. L’usure des routes par un camion qui fait des centaines de milliers de kilomètres est très importante.

Carle Brisebois

Priorité aux chantiers

Le problème n’est peut-être pas la congestion causée par le trop grand nombre de voitures en ville, mais bien par la multiplication des chantiers qui n’en finissent plus. Revoir la planification, qui semble tout à fait chaotique, voire inexistante, serait un bon début pour régler le problème.

Lise Beauchemin

D’accord, mais…

Je suis d’accord avec toute mesure incitative au transport collectif et actif. Cependant, la taxe kilométrique existe déjà et elle est d’une simplicité étonnante : la taxe à la pompe. Cette taxe tient aussi compte de l’efficacité énergétique de chaque moteur. Simple et efficace, mais elle ne s’applique pas aux véhicules électriques. La nouvelle taxe kilométrique vise donc seulement les véhicules électriques. Soyons francs. Est-ce vraiment une mesure pour diminuer les émissions de GES ou une façon de récupérer un manque à gagner des gouvernements ?

Guy Lajoie

Tout dépend de l’offre

J’aimerais bien aller travailler en métro, prendre le train ou le bus, mais mon entreprise distribue des produits dont certains sont très volumineux, ce qui veut donc dire entreposage, ce qui veut donc dire bureaux dans des quartiers industriels. Le transport en commun pour aller dans ces endroits ? Complètement inexistant. Je n’ai aucune solution pour moi ou nos employés. L’auto solo est donc la norme. Pour une bonne partie de la société, ce n’est tout simplement pas possible de voyager en commun.

Éric Routhier

L’auto sur le déclin ?

C’était à prévoir que les entrées d’argent associées aux taxes sur l’essence allaient diminuer avec le vélo et les voitures électriques à Montréal. De toute façon, l’auto est vouée à disparaître de l’île de Montréal pour ceux qui y habitent. Mes amis et les personnes que je connais qui vivent en banlieue ne viennent plus me visiter chez moi dans Rosemont.

Danielle Beauchamp

La réalité de la banlieue

J’habite la banlieue et notre ville a été conçue en fonction de l’utilisation d’une voiture. [Une taxe kilométrique], ce serait nous pénaliser de manière arbitraire. Je ne peux pas prendre l’autobus pour aller à l’épicerie. Nous ne sommes pas en Belgique où le vélo peut être utilisé 12 mois par année. Les tarifs du transport collectif demeurent trop élevés et les trajets visent à faire entrer tout le monde dans le centre-ville de Montréal. Si le gouvernement veut qu’on prenne le transport collectif, il faudra qu’il investisse massivement pour nous donner un service adéquat.

Flavie Paquin

Encourager le mode actif

Quand on sait que se déplacer en auto coûte cinq fois plus cher à la société qu’en transport en commun (et je ne parle même pas là du transport actif), il est tout à fait normal à mon sens que les automobilistes paient leur juste part. Tout en sachant que la majorité d’entre eux circulent seuls dans leur auto et que beaucoup peuvent s’en passer au regard de la distance qu’ils parcourent et de l’offre existante de transport en commun. Encourageons davantage d’initiatives qui vont dans le sens de la réduction de l’auto solo.

Maurice Dykmans