La Commission des droits de la personne du Québec s’insurge à son tour contre le traitement réservé par le maire d’Anjou, Luis Miranda, à un adolescent venu le questionner en conseil d’arrondissement.

Dans une lettre envoyée au maire d’arrondissement, que La Presse a obtenue, le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Philippe-André Tessier, critique l’attitude de M. Miranda lors de l’assemblée du 4 octobre.

« La Commission déplore vos propos face à ce jeune de quinze ans, Hocine Ouendi, qui a effectué une démarche citoyenne et engagée et qui a usé du système démocratique de la vie municipale pour se prévaloir de ses droits fondamentaux et pour défendre le bien-être des jeunes de son arrondissement », écrit M. Tessier.

Hocine Ouendi s’était rendu au conseil d’arrondissement pour questionner le maire sur la fermeture de terrains de soccer synthétiques, à la suite d’actes de vandalisme. L’adolescent avait proposé l’embauche de surveillants pour éviter les méfaits.

Il avait été sèchement critiqué et interrompu par M. Miranda, qui l’a sermonné pour avoir osé lui poser une question. « À 15 ans, j’ai même pas d’affaire à lui parler », avait dit le maire d’arrondissement, laissant entendre que la mère du jeune Hocine devrait mieux éduquer son fils.

Le président de la Commission des droits de la personne a rappelé au maire que la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée au Canada en 1991, stipule que « les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant ».

Il souligne que les enfants sont des personnes à part entière et non des citoyens de seconde classe. « Nous déplorons la non-reconnaissance de ce fait, par une autorité municipale élue de surcroît », se désole-t-il.

« Par cette lettre, nous souhaitons sensibiliser le conseil d’arrondissement d’Anjou à l’importance d’être plus inclusif et plus respectueux des droits des enfants et des jeunes. »

Lundi, le conseil municipal a blâmé Luis Miranda pour ses propos « discriminatoires » envers l’adolescent. Le maire a reconnu qu’une partie de ses propos étaient inadéquats, mais a ajouté qu’il était motivé par l’existence d’un réel problème de cohabitation entre certains jeunes et d’autres citoyens de l’arrondissement.

Luis Miranda s’est excusé, mais il n’a toujours pas contacté Hocine Ouendi ni sa famille pour leur présenter des excuses en personne.