Familles de victimes, dignitaires et membres du public se sont rassemblés mardi pour commémorer le 33anniversaire de la tuerie de Polytechnique, sur fond de débat sur le contrôle des armes à feu au pays.

« Nous y sommes encore, car le devoir de mémoire est source d’action et qu’il faut travailler sans relâche pour bâtir une société égalitaire, ouverte et pacifique, où les femmes ne meurent pas parce qu’elles sont des femmes », a alors déclaré la présidente du comité Mémoire, Catherine Bergeron.

« Sachant que le devoir de mémoire est plus pertinent que jamais et qu’il faut rester vigilants », a poursuivi celle dont la sœur, Geneviève Bergeron, a péri durant la tragédie du 6 décembre 1989.

Quelques instants plus tard, aux alentours de 17 h 10, l’heure où les premiers coups de feu ont été tirés il y a 33 ans, 14 faisceaux lumineux se sont allumés sur le belvédère Kondiaronk, au-dessus du centre-ville, à l’appel du nom de chaque victime.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et celui du Québec, François Legault, ont tour à tour déposé une rose blanche à la mémoire de ces femmes, tout comme plusieurs autres dignitaires qui les accompagnaient.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Aux alentours de 17 h 10, l’heure où les premiers coups de feu ont été tirés il y a 33 ans, 14 faisceaux lumineux se sont allumés sur le belvédère Kondiaronk, au-dessus du centre-ville, à l’appel du nom de chaque victime.

Après la cérémonie, Catherine Bergeron a expliqué avoir voulu s’exprimer précisément sur le sujet de la violence faite aux femmes, et non spécifiquement sur l’enjeu du contrôle des armes à feu sur lequel elle préfère ne pas se prononcer. « L’an passé, il y a eu [26] féminicides. On les nomme une à une, et ça a l’air moins important, mais c’est [plus que] le nombre de victimes lors de la tragédie [de Polytechnique] », a-t-elle souligné.

La directrice générale de Polytechnique Montréal, Maud Cohen, a quant à elle insisté sur l’importance de « regarder devant et de dire : qu’est-ce qu’on fait de l’apprentissage de ces évènements-là ? ». « Les 14 femmes qui ont perdu la vie pour ce qu’elles étaient, c’est ça qui est le plus important pour moi aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Des politiciens se prononcent

Ce qui n’a pas empêché les politiciens présents à ses côtés durant la cérémonie de prendre la balle au bond, au moment où le torchon brûle à Ottawa depuis que le Parti libéral du Canada a élargi sans crier gare la définition des armes qui seraient prohibées en vertu de son projet de loi C-21.

« C’est important de continuer à lutter contre la violence faite aux filles et aux femmes par des moyens concrets, que ce soit avec des centres d’hébergement ou au niveau du bannissement des armes d’assaut », a estimé pour sa part la mairesse Plante.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et celui du Québec, François Legault, ont tour à tour déposé une rose blanche, en mémoire de ces femmes, tout comme plusieurs autres dignitaires qui les accompagnaient.

« Non seulement on a un devoir de mémoire, mais on a un devoir de continuer à agir contre les violences basées sur le sexe », a déclaré de son côté le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, ajoutant plus tard qu’il estimait que son projet de loi pourrait aider sur ce front. « On a banni l’arme utilisée à Polytechnique », a-t-il d’ailleurs précisé.

« C’est important que toute la population soit vigilante. On a besoin des gouvernements, oui, mais il y a encore des femmes qui, en 2022, sont violentées ou même assassinées par leurs maris, donc il reste du travail à faire, et on a tous une responsabilité », a déclaré le premier ministre du Québec, François Legault.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Commémoration du 33anniversaire de la tuerie de Polytechnique

Une sortie inopinée

La controverse entourant le projet de loi C-21 a mené cette semaine le gardien vedette du Canadien de Montréal à effectuer une sortie inopinée sur le réseau social Instagram où il a critiqué la pièce législative, à quelques jours des commémorations de la tuerie de Polytechnique.

Contrairement à ce qu’avait affirmé l’organisation du Canadien de Montréal la veille, il connaissait bel et bien l’existence de la tuerie de Polytechnique, selon ce qu’il a expliqué mardi.

Des proches de victimes rencontrés à la cérémonie mardi ont estimé que cette controverse démontrait la nécessité de continuer à commémorer cette tragédie et à l’enseigner.

« Visiblement, il y a un gros problème de conversation et de prise de décision, particulièrement en ce qui a trait à C-21. [L’épisode Carey Price], ça démontre qu’on a besoin d’investir un peu plus d’énergie pour faire perdurer la mémoire », a déclaré le comédien Jean-Marc Dalphond, qui a perdu sa cousine Anne-Marie Edward dans la tragédie.

Rappelons que le 6 décembre 1989, un homme armé a fait irruption dans les locaux de Polytechnique et y a assassiné 14 femmes et blessé 13 personnes. Dorénavant considérée comme un attentat antiféministe, la tragédie a ébranlé tout le pays.