Plus de 175 ans après avoir sombré dans le détroit de Lancaster, au Nunavut, le HMS Erebus regorge encore de secrets. Des archéologues de Parcs Canada ont pu récupérer 275 artéfacts sur ce bateau, qui est l’un des deux navires de l’expédition Franklin qui ont disparu en 1845.

L’été dernier, une équipe de plongeurs de Parcs Canada a visité l’épave pendant 11 jours afin de trouver des objets qui auraient survécu à toutes ces années dans les eaux glaciales.

Malgré le peu de temps dont ils disposaient – les saisons de recherches dans l’Arctique sont courtes – les plongeurs ont mis la main sur une multitude d’artéfacts qui se trouvaient toujours dans le navire, dont de la vaisselle, des épaulettes de lieutenant et une lentille de lunettes.

Mais pour le plongeur Ryan Harris, une découverte surpassait toutes les autres.

« On a retrouvé un cahier de notes avec reliure en cuir dont certaines pages étaient toujours à l’intérieur, a-t-il révélé. Même la plume d’oie qui était utilisée pour écrire dedans était toujours à l’intérieur ! C’est le genre de cahier qui peut traîner sur une table de chevet et dans lequel quelqu’un écrivait peut-être des notes avant de se coucher. »

Le cahier a été trouvé dans un placard, donc il servait peut-être seulement à dresser un inventaire. Malgré tout, les chercheurs ont hâte d’en savoir plus.

PHOTO FOURNIE PAR RYAN HARRIS, ARCHIVES

De la vaisselle, des épaulettes de lieutenant et une lentille de lunettes ont aussi pu être repêchées des eaux glaciales par les chercheurs.

« On est excité à l’idée de trouver des notes manuscrites à l’intérieur, a souligné M. Harris. Il est présentement analysé au labo. »

C’est d’ailleurs le cas pour tous les objets qui ont été récupérés, qui ont été envoyés à Ottawa pour être analysés au laboratoire de Parcs Canada et préparés à des fins de conservation.

Malgré l’importance de ces découvertes, M. Harris a souligné que beaucoup d’autres expéditions devront être menées pour découvrir tous les secrets du HMS Erebus, un travail qui prendra plusieurs années. Il en va de même pour le deuxième bateau qui a péri lors du voyage, le HMS Terror.

Disparition mystérieuse

Dirigés par le capitaine Sir John Franklin, les deux navires ont quitté l’Angleterre en 1845 dans le but de réussir la traversée du passage du Nord-Ouest, qui permet de relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique en passant, entre autres, par les îles arctiques du Canada.

Mais après leur départ, plus personne n’a eu de leurs nouvelles. Les 129 marins qui se trouvaient à bord ne se sont jamais rendus à destination.

Plus de 30 expéditions ont tenté de les trouver, sans succès. Mais grâce à un mélange d’histoire inuite et de relevés systématiques de haute technologie, l’épave du Erebus a été retrouvée en 2014, juste au large de la côte nord-ouest de l’île King William au Nunavut. Deux ans plus tard, c’est le Terror qui a été localisé, faisant les manchettes dans le monde entier.

Depuis, Parcs Canada s’efforce de découvrir ce qui se cache sur ces navires et de comprendre ce qui est arrivé à ces marins.

Lors de leur plus récent voyage dans l’Arctique, les plongeurs ont effectué 56 sorties d’une durée d’environ deux heures.

Au total, 275 artéfacts ont été récupérés. Les plongeurs ont concentré leurs efforts sur un garde-manger, où beaucoup de vaisselle a pu être récupérée. Ils ont également commencé à fouiller les cabines des officiers.

Dans celle qui aurait été occupée par le sous-lieutenant Henry Thomas Dundas le Vesconte, M. Harris et ses collègues ont trouvé une boîte verte qui ressemblait d’abord à un livre.

« On a compris que ce n’était pas du tout un livre, a raconté M. Harris. C’était en fait un ensemble d’instruments de dessin. Il est fort possible que ce soient les outils qu’ils ont utilisés pour tracer leur chemin à travers le passage du Nord-Ouest, ce que je trouve fantastique. »

Le travail reste cependant lent, minutieux et délicat. Le cahier de cuir a notamment été manipulé avec beaucoup de prudence.

Tout cela fait donc en sorte que les chercheurs en ont encore pour plusieurs années à explorer cette épave de 36 mètres de long, neuf mètres de large et cinq mètres de profondeur.

Ils doivent toujours poursuivre leur exploration des cabines des officiers, des coffres des marins, et entrer dans le pont inférieur.

Et puis, ils devront s’attaquer au Terror.

« Il y a tellement de choses que l’on va pouvoir retrouver dans ces deux navires », a conclu M. Harris.