(Québec) L’Assemblée nationale du Québec a rendu hommage à la journaliste Jocelyne Richer, jeudi, soulignant les 40 ans de carrière d’une femme « de tête et de cœur », « pionnière » dans un milieu d’hommes, rigoureuse et fonceuse.

Mme Richer a reçu une ovation de la part de l’ensemble des élus présents à la suite de la lecture et de l’adoption à l’unanimité d’une motion, qui se lit comme suit : « Que l’Assemblée nationale souligne la carrière de madame Jocelyne Richer, correspondante parlementaire puis chef du bureau de La Presse Canadienne à Québec jusqu’à son départ à la retraite ; que l’Assemblée nationale salue la contribution de Mme Richer et de tous les artisans et artisanes de la Tribune de la presse à la vie démocratique du Québec. »

Après avoir lu la motion en son nom, et en celui de membres des autres partis, le chef du deuxième groupe d’opposition, Gabriel Nadeau-Dubois, a été le premier à prendre la parole pour souligner « la carrière exceptionnelle de celle qui nous a si bien cuisinés, pendant des années ».

« Jocelyne Richer a passé 20 ans aux premières loges de la politique québécoise, à rapporter nos débats, à poser des questions souvent difficiles, mais jamais injustes, aux élus. Bref, à rendre des comptes aux Québécoises et aux Québécois », a déclaré M. Nadeau-Dubois à l’Assemblée nationale.

Après quelques années de journalisme à la pige, à Québec, dans les années 1980, Mme Richer obtient un poste de journaliste au quotidien Le Droit à Ottawa.

De retour à Québec, elle sera correspondante parlementaire pour le quotidien Le Devoir de 1990 à 1992, avant de passer à La Presse Canadienne en 1993, d’abord au bureau de Montréal, à titre de rédactrice-reporter et cheffe de pupitre, puis à Québec après avoir obtenu en 2002 le poste qu’elle convoitait depuis longtemps : celui de correspondante parlementaire à l’Assemblée nationale, qu’elle occupera durant une vingtaine d’années.

À compter de 2017, elle cumulera aussi le poste de cheffe du bureau de La Presse Canadienne à Québec, jusqu’à son départ récent à la retraite.

« Jocelyne a fait carrière, il faut le rappeler, dans un milieu qui était un milieu d’hommes pendant longtemps, mais elle n’a jamais cédé sa place ; bien au contraire, elle s’est imposée », a rappelé le député de Québec solidaire, ajoutant qu’elle a « ouvert la voie », mais que « le travail n’est pas terminé ».

M. Nadeau-Dubois a souligné son travail remarquable pour couvrir les droits des femmes et la place des femmes en politique et dans les médias. « Elle a braqué les projecteurs sur ces enjeux, des enjeux trop souvent évacués, et c’est tout à son honneur », a-t-il fait valoir.

Les élus qui ont suivi le député solidaire dans l’hommage d’une dizaine de minutes rendu à la journaliste ont également souligné son caractère de « pionnière », comme la ministre des Relations internationales, ministre responsable de la Condition féminine et ex-journaliste, Martine Biron.

« Effectivement, elle a été parmi les premières femmes journalistes sur la colline parlementaire. […] Son style particulier s’est développé, et c’est ainsi qu’au fil du temps elle a gagné le respect et l’envie de ses collègues journalistiques et elle est devenue la terreur des politiciens », a déclaré Mme Biron.

Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a renchéri en parlant de son professionnalisme : « Pour une entrevue avec Jocelyne Richer, il fallait bien se préparer à des questions précises, je dirais même chirurgicales. Elle voulait toujours aller au fond des choses, elle ne lâchait pas facilement un sujet qui avait piqué sa curiosité. »

Le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a tenu à souligner « la contribution au journalisme québécois d’une femme de tête et de cœur, une journaliste talentueuse ».

« La souplesse de sa plume, sa profonde connaissance de la politique québécoise et sa longue expérience auprès des membres de cette assemblée ont fait de ses articles, au fil des années, des exemples de rigueur journalistique », a affirmé M. Bérubé.

Mme Richer aura écrit des milliers de textes sur la politique québécoise, et aura couvert au total sept campagnes électorales et vu passer cinq premiers ministres.

De l’avis de M. Nadeau-Dubois, sa faculté la plus importante est « la mémoire », puisqu’elle aura su suivre les débats et les enjeux « justement dans leur durée », avec la perspective nécessaire.