(Montréal) En s’offrant les services d’un conseiller scientifique en chef, la Ville de Longueuil prendra de meilleures décisions et fera preuve d’une plus grande transparence, estime sa mairesse, Catherine Fournier. Lorsque le poste affiché depuis le 3 avril dernier sera comblé, la municipalité deviendra la deuxième au Québec à recourir à ce genre d’expertise, mais la première à créer un tel poste rémunéré au sein de son administration.

Selon l’élue, cette embauche à venir donne suite à un projet de loi qu’elle avait déposé en 2021, lorsqu’elle était députée indépendante de Marie-Victorin à l’Assemblée nationale, et dans lequel elle proposait entre autres la nomination d’un statisticien en chef et une meilleure circulation des informations collectées par l’Institut de la statistique du Québec auprès des différents ministères.

Le tout n’avait toutefois pas dépassé le stade de la présentation en Chambre.

« Ce que j’ai pu observer quand j’étais députée, et particulièrement pendant la pandémie, c’est qu’on avait souvent un manque de données scientifiques pour venir appuyer notre prise de décision », explique la principale intéressée en entrevue avec La Presse Canadienne.

« J’ai l’impression qu’en prenant des décisions à l’aveugle parce que les données qui nous seraient utiles n’existent pas, c’est inacceptable. [L’absence de ces données] nous prive aussi d’une unité de mesure pour évaluer notre amélioration sur certains aspects », ajoute-t-elle.

En faisant le saut en politique municipale, Mme Fournier a voulu reprendre son idée, soutenue par l’appel distinct du scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, qui invitait les municipalités à être conseillées par des scientifiques.

Connaissance et transparence

Le mandat du futur conseiller scientifique en chef sera riche : en plus d’entreprendre des projets de recherche sur les enjeux qu’il juge pertinents, celui-ci pourra aussi conseiller les élus et les employés municipaux sur les meilleures approches à adopter pour collecter des données, valider les démarches scientifiques entreprises et faire le pont avec les établissements d’enseignement et de recherche qui se trouvent sur le territoire de Longueuil ou à proximité.

Le fruit de ces recherches sera éventuellement rendu public, dans un souci de transparence envers la population, promet Mme Fournier.

« Le but, c’est de rendre l’appareil public plus transparent, qu’on soit capables de mieux vulgariser les orientations que prend la Ville et de les appuyer par des données », indique la mairesse.

« C’est notre responsabilité comme élus, mais d’avoir un scientifique en chef pour épauler l’administration, et peut-être même expliquer lui-même certains enjeux à la population, ça va répondre en partie à cet objectif », ajoute-t-elle.

Indépendance garantie

À Victoriaville, qui a initié le mouvement en janvier dernier, la désignation de Simon Barnabé comme conseiller scientifique en chef est plutôt honorifique, alors que le chercheur collabore avec la municipalité sans rémunération depuis déjà quelques années.

Selon l’offre d’emploi affichée sur le Réseau d’information municipale, l’emploi de conseiller scientifique en chef à Longueuil sera rémunéré entre 110 700 $ et 138 295 $ annuellement, et ce, pour un mandat de trois ans renouvelable.

Le conseiller scientifique en chef de la Ville de Longueuil relèvera de la direction générale, ce qui lui permettra d’intervenir auprès de tous les départements municipaux. Il travaillera aussi en étroite collaboration avec le Bureau de la performance organisationnelle de la Ville, dont le mandat prévoit le développement d’une culture de données, mentionne Mme Fournier.

Celle-ci garantit au futur employé cadre une totale indépendance.

La période d’affichage du poste se terminera le 17 avril prochain. Mme Fournier espère que la personne retenue pour le poste entame ses fonctions en début d’été.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.