Hausse de la présence des inspecteurs, peines plus lourdes, hausse du financement : l’Association canadienne du transport urbain (ACTU) publie une série de recommandations pour assurer plus de sécurité dans les réseaux de transport collectif, devant « un nombre croissant d’incidents de violence » à travers le pays.

« Aucune solution unique ne peut résoudre seule le problème complexe de la violence dans les transports collectifs. Nous devons donc réunir experts et intervenants de différents domaines », a fait valoir lundi le président et directeur général de l’ACTU, Marco D’Angelo, demandant une « réunion d’urgence » avec les gouvernements provinciaux et fédéraux pour discuter des « causes profondes » du phénomène.

Un groupe de travail mis sur pied par l’association travaillait sur des recommandations depuis juin 2022. Dans son rapport, ce groupe affirme que « la peur de la violence menace de faire dérailler la reprise que les agences de transport et les municipalités espéraient », au moment où l’achalandage du transport collectif stagne toujours autour de 73 % du niveau prépandémique au Canada.

Depuis le début du mois de janvier, de nombreux évènements violents se sont produits dans le réseau de la Toronto Transit Commission (TTC), mais aussi en Colombie-Britannique, où le syndicat des chauffeurs de West Vancouver a réclamé récemment un renforcement des mesures. À Montréal, La Presse rapportait aussi vendredi dernier que la situation inquiète des constables et des chauffeurs de bus. La Société de transport de Montréal (STM) travaille déjà sur un plan de sécurité « renforcé ».

« Ce qui se passe à Toronto, ça pourrait se produire ici. […] On entend de plus en plus d’histoires de violence partout au Canada et ici. On est toujours un peu plus craintifs quand on se lève le matin pour venir faire notre boulot », a illustré Pino Tagliaferri, du syndicat des chauffeurs d’autobus de la STM.

« Règlements plus stricts »

Face à cela, l’ACTU recommande notamment « d’investir davantage dans la création de postes en sûreté, en sécurité et pour faire appliquer la loi » en transport collectif. On évoque également « des règlements plus stricts, afin que les constables et la police aient la capacité de freiner les comportements dangereux ».

Les gouvernements provinciaux devraient ensuite « fournir aux agences de transport du personnel de sensibilisation dédié à la santé mentale ». Ottawa, de son côté, est appelé à « renforcer les peines pour voies de fait contre l’ensemble du personnel du transport collectif », en incluant « tous les travailleurs » et « pas seulement les opérateurs » à l’article 269.01 du Code criminel portant sur les lésions corporelles.

L’association réitère au passage que « le transport collectif ne peut pas être une solution à l’itinérance », qui est en hausse dans plusieurs grandes villes canadiennes.

Aux yeux de M. D’Angelo, il faudrait donc que les gouvernements provinciaux financent davantage « l’accès et l’admission de nuit aux services sociaux, aux centres de réchauffement et de refroidissement, afin que les personnes ayant besoin d’aide évitent de s’abriter » dans le transport collectif.

Parce que « la consommation de substances n’a pas sa place dans les réseaux de transport collectif », l’organisme suggère « de s’attaquer au problème de la toxicomanie en améliorant les programmes de soutien, l’application de la loi et en détournant les activités vers des zones sanctionnées ».

En pleine crise du financement sur le transport collectif, l’ACTU ne cache pas non plus qu’un « financement approprié » ferait la différence. Toutes les agences de transport devraient par ailleurs « explorer des partenariats avec des services en santé mentale, en positionnant des intervenants de proximité dans le réseau afin d’aider le personnel ».