François Legault a beau avoir reçu un appui de 98,6 % au congrès de la CAQ en fin de semaine dernière, l’arrogance n’a pas sa place et son gouvernement ne pourra pas présenter indéfiniment une « offre dérisoire » aux employés de l’État, soutient la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

La centrale syndicale tient depuis lundi son congrès triennal à Montréal et c’est dans ce contexte que la présidente a rencontré la presse.

« Il serait sage pour la CAQ qu’elle laisse de côté son arrogance et qu’elle assouplisse sa gouvernance idéologique. Sa domination à l’Assemblée nationale, avec 90 élus sur 125, n’est pas vraiment proportionnelle au nombre de personnes qui ont voté pour ce parti », a lancé Mme Senneville dans son allocution d’ouverture.

La négociation du secteur public occupe une place importante à la CSN et celle-ci s’impatiente, alors que les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars dernier.

Québec offre 9 % d’augmentation sur cinq ans, plus un montant forfaitaire de 1000 $, plus une somme équivalant à 2,5 % réservée à des « priorités gouvernementales ». Québec affirme donc présenter une offre qui équivaut à 13 % sur cinq ans.

Or, le gouvernement n’a pas bonifié son offre salariale de départ, que Mme Senneville a qualifiée de dérisoire. Mais il ne pourra fermer les yeux encore longtemps, affirme la dirigeante syndicale.

« Le gouvernement est pris avec de véritables problèmes. Au moment où on se parle, les plus gros défis en éducation et en santé, c’est de retenir le monde, c’est d’attirer du monde. Alors un moment donné, il faudra que des décisions soient prises en ce sens-là », lance Mme Senneville.

Au moins, la fréquence des séances de négociation avec Québec s’est accrue depuis quelque temps, a noté Mme Senneville.

Les moyens de pression du front commun, dont la CSN fait partie, avec la CSQ, la FTQ et l’APTS, demeurent légers pour le moment, comme le port de t-shirt de mobilisation les jeudis et des manifestations. D’éventuelles journées de grève n’auraient pas lieu avant l’automne.

Le gouvernement demande des reculs aux travailleurs du secteur public, touchant la retraite, la façon de calculer les heures supplémentaires et l’allongement de la semaine de travail pour plusieurs dans la santé.

Mme Senneville croit que de telles demandes, dans un contexte de surcharge de travail et de pénurie de main-d’œuvre, « ça va les aiguillonner encore plus ». Et le fait de faire partie du front commun intersyndical stimule ces travailleurs, croit-elle.

Fusions forcées

Pour ce qui est de la réforme Dubé, qui impose une fusion des accréditations syndicales dans la santé, la CSN travaille avec les autres organisations syndicales à faire changer d’idée le ministre. Sa réforme prévoit une seule convention collective et un seul syndicat pour chacune des quatre catégories d’emploi du secteur public.

Les syndicats tentent de convaincre le ministre Christian Dubé de procéder autrement pour parvenir à son objectif de simplifier la négociation des conventions collectives.

S’ils échouent, Mme Senneville est catégorique : « il y a matière à aller devant le tribunal », puisque les syndicats y voient une attaque contre la liberté d’association, le droit de choisir son syndicat.

Par ailleurs, Mme Senneville amorcera vraisemblablement un autre mandat à la présidence de la centrale syndicale, puisqu’elle n’a pas d’opposition — quoique théoriquement, quelqu’un pourrait se présenter jusqu’à mercredi.