(Québec) Près de 250 pompiers du Portugal et de l’Espagne ont atterri mercredi soir à l’aéroport Jean-Lesage. Ils vont rejoindre au front ceux de la SOPFEU, de la France et des États-Unis qui se démènent pour maîtriser les incendies de forêt historiques qui dévastent le Québec.

L’arrivée de ce dernier contingent va porter d’ici la fin de la semaine à 1500 le nombre de combattants sur le terrain. Ce déploiement hors du commun survient alors que la pluie tant espérée dans les derniers jours se fait attendre et qu’approche le moment de l’année où le potentiel d’incendies est à son comble.

En somme, la crise des incendies est loin d’être réglée au Québec.

« On ne pense pas que la pluie actuelle, avec les informations qu’on a, va nous permettre de redescendre la situation à un niveau où on va être assuré de reprendre le contrôle au retour du beau temps à partir de la fin de semaine », a prévenu le porte-parole de la SOPFEU, Sylvain Tremblay, mercredi lors d’un breffage technique pour les médias.

La situation sur le terrain reste « préoccupante ». En tout, 127 incendies étaient encore en activité mercredi soir au Québec. C’est autant que mardi.

La SOPFEU estime qu’entre 20 et 25 millimètres de précipitations seraient nécessaires sur quelques jours « pour normaliser la situation ».

« Là, on est plus dans l’ordre du 3-4 mm, mais à certains endroits, on n’en a pas eu du tout, relève M. Tremblay. À une station, on était au-dessus de 30 mm. Mais une station à la grandeur de la province… Malheureusement, ce n’était pas celle où ça aurait dû tomber. »

PHOTO PLANET LABS PBC

Images satellite des incendies de forêt au nord-est de Chibougamau, dans le Nord-du-Québec, mercredi

Environnement Canada confirme les prévisions de la SOPFEU. Si les régions autour de La Tuque et Chibougamau pourraient recevoir une vingtaine de millimètres de pluie d’ici vendredi, l’Abitibi-Témiscamingue n’en attend qu’une dizaine avant la fin de semaine. Des orages sont aussi à prévoir, accompagnés de la foudre, laquelle risque d’allumer d’autres feux.

Si la météo ne donne pas un coup de pouce aux combattants, le Québec n’arrivera pas à maîtriser les feux avant l’arrivée de la période la plus critique de l’année.

« La sécheresse continue, les pluies sont non significatives et on arrive dans la période de l’été […] où au Québec, on est dans la situation maximale pour le potentiel d’incendies de forêt », prévient le porte-parole de la SOPFEU.

« C’est tout le Québec qui est reconnaissant »

À défaut de pluie, la SOPFEU pourra compter sur plus de 1500 combattants sur le terrain d’ici la fin de la semaine. De mémoire, Sylvain Tremblay ne se souvient pas d’un déploiement aussi important.

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La ministre des Relations internationales, Martine Biron, saluant des pompiers portugais et espagnols à leur arrivée à Québec

« C’est tout le Québec qui est reconnaissant pour votre mission », a lancé la ministre des Relations internationales, Martine Biron, à l’arrivée mercredi après-midi des pompiers de la péninsule ibérique.

Les 140 pompiers portugais et 99 pompiers espagnols sont au Québec pour deux semaines. Leur arrivée porte à 507 le nombre de pompiers étrangers qui luttent contre les incendies de forêt dans la province, avec ceux de France et des États-Unis.

Cinquante-quatre pompiers du Nouveau-Brunswick sont aussi sur le terrain, tout comme 282 militaires.

Heureusement, la situation des évacués s’est grandement améliorée ces derniers jours. Selon la Direction générale de la sécurité civile, il y a actuellement 2800 évacués, notamment les habitants de Lebel-sur-Quévillon.

« On pensait que la pluie se rendrait à Lebel-sur-Quévillon, a affirmé Sylvain Tremblay. Mais pour l’instant, il n’y a pas eu de pluie significative à cet endroit ni à Chibougamau. »

Ressources accrues en vue

Justin Trudeau, lui, s’est engagé mercredi à offrir plus de ressources « à bien des niveaux » aux provinces pour minimiser l’impact des évènements météorologiques « extrêmes » qui risque de s’aggraver. Mais le premier ministre refuse pour l’instant de dévoiler son jeu, ne précisant pas dans le détail ses intentions.

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Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en visite à la base militaire de Bagotville, mercredi

« Il faudra investir en infrastructures, en préparatifs, en prévention pour minimiser l’impact qui, on sait, risque de s’accroître », a déclaré mercredi M. Trudeau, en visite à la base militaire de Bagotville, à Saguenay.

Interrogé plus précisément pour savoir si les discussions entre Québec et Ottawa avaient progressé sur l’accélération de la production des avions CL-415, M. Trudeau s’est toutefois montré prudent. « Oui, on parle d’avions, mais aussi de plus de formation pour les pompiers, pour la population, les militaires, et de plus de ressources à bien des niveaux. On travaille pour l’instant à régler cette crise », a-t-il offert.

« Au niveau de la formation de nos Forces armées, particulièrement dans l’Ouest et en Alberta, il y a beaucoup d’expertise, a-t-il noté. Les bases militaires ici, dans l’Est, sont un peu moins habituées aux incendies de forêt, peut-être plus aux inondations, mais il y a une formation continue qui se fait », a aussi fait valoir M. Trudeau.