Des patients cris transférés à Montréal en raison des incendies de forêt près de leurs communautés s’insurgent d’avoir dû céder leurs chambres d’hôtel du centre-ville à des visiteurs venus assister au Grand Prix. L’organisme responsable de la gestion des soins de santé pour cette communauté assure cependant qu’il savait déjà que ces chambres ne seraient pas disponibles à partir du 14 juin.

Il faut savoir que le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (CCSSSBJ) a une entente annuelle avec l’hôtel Espresso, où il loue un bloc de 120 chambres pour héberger des patients qui reçoivent des soins de santé à Montréal, notamment des traitements d’hémodialyse.

Mais en raison des incendies de forêt, un plus grand nombre de patients ont dû être évacués de trois communautés cries, le 7 juin : environ 220 personnes ayant besoin de soins, ainsi que leurs accompagnateurs, doivent être hébergés à Montréal, ce qui exige 160 chambres.

L’hôtel Espresso a pu loger temporairement les évacués supplémentaires, mais en prévision du Grand Prix de Formule 1, ses chambres étaient presque toutes réservées. Le CCSSSBJ a donc conservé ses 120 chambres, mais a dû chercher 40 chambres supplémentaires, alors que la plupart des hôtels en ville affichent complet.

Sur son site web, l’hôtel Espresso offre encore des chambres pour le week-end, à 615 $ la nuit pour deux lits à deux places.

Ancien hôpital

La solution trouvée par le CCSSSBJ : 20 chambres dans un hôtel de Terrebonne et 20 autres à l’ancien hôpital Hôtel-Dieu, à côté d’un édifice qui a été transformé en refuge pour sans-abri.

« Nous avons été évincés avec la machine de mon fils. On nous a dit de quitter avant 9 h, alors que mon fils avait justement un rendez-vous à 9 h », a commenté sur Facebook Lina Neeposh, qui fait partie des personnes relogées à Montréal.

« À quel endroit stupide ils nous ont envoyés, ça ressemble à une prison en dedans et au-dehors. Je préférerais retourner chez nous », a commenté Clifford Mianscum sur le même réseau social, au sujet de son relogement à l’Hôtel-Dieu.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE CLIFFORD MIANSCUM

Des patients cris attendent devant l’hôpital Hôtel-Dieu après avoir dû quitter leur chambre à l’hôtel Espresso.

Le docteur François Prévost, directeur des services professionnels du CCSSSBJ, explique en entrevue que c’est la Croix-Rouge qui a proposé que les patients cris soient hébergés à l’ancien hôpital.

« Ça nous prenait deux blocs de 20 chambres ensemble, dans un même lieu », explique-t-il. Puisque les patients sont pris en charge par le conseil cri (repas, transport, etc.), il aurait été trop compliqué qu’ils soient dispersés dans différents établissements.

Ceux qui reçoivent des traitements d’hémodialyse doivent se rendre au CUSM tous les deux jours. Parmi les autres évacués se trouvent des femmes enceintes et des personnes ayant des problèmes respiratoires. Certains ont de multiples problèmes de santé et se déplacent en fauteuil roulant.

« Il a fallu évaluer chaque dossier un à un pour déterminer qui pouvait aller à Terrebonne, ou à l’Hôtel-Dieu, ou alors rester à l’hôtel Espresso, selon leur état de santé et leurs besoins », relate Helen Belanger, directrice de Wiichihiituwin (services aux patients cris).

Les responsables croyaient que certaines personnes pourraient retourner après quelques jours dans les trois communautés d’où ils viennent (Waswanipi, Ouje-Bougoumou et Mistissini). Cependant, l’évolution des incendies n’a pas permis de rapatriements.

« On est sur le qui-vive depuis plusieurs jours, on réévalue la situation d’heure en heure. Mais il faut que ça soit le plus sécuritaire possible, surtout pour les patients en hémodialyse », souligne le DPrévost.

Il dit espérer que la situation soit temporaire et que la majorité des patients puissent rentrer chez eux dans quelques jours.