(Ottawa) Le gouvernement fédéral a décliné une offre d’une délégation de la société civile de se rendre dans le nord-est de la Syrie au nom d’Ottawa pour rapatrier les Canadiens détenus.

Au lieu de cela, un groupe réduit, comprenant la sénatrice Kim Pate, a l’intention de se rendre dans la région à la fin août pour recueillir des informations sur les Canadiens détenus dans des camps et des prisons sordides.

La délégation comprendra également Alex Neve, ancien secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, et Scott Heatherington, diplomate canadien à la retraite.

Mme Pate a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse qu’il était « tout simplement stupéfiant » que des Canadiens soient détenus arbitrairement depuis des années dans des conditions épouvantables alors que leur propre gouvernement « semble détenir la clé de leur retour ».

À la fin du mois dernier, la Cour d’appel fédérale a annulé la déclaration d’un juge selon laquelle quatre hommes canadiens détenus dans des camps syriens avaient droit à l’aide d’Ottawa pour rentrer chez eux.

La décision en mai a cassé celle prononcée en janvier par le juge de la Cour fédérale Henry Brown, qui avait ordonné à Ottawa de demander le rapatriement des hommes dès que raisonnablement possible et de leur fournir des passeports ou des documents de voyage d’urgence.

Les Canadiens font partie des nombreux ressortissants étrangers dans les prisons et camps syriens gérés par les forces kurdes qui ont repris la région déchirée par les conflits au groupe extrémiste État islamique d’Irak et du Levant.

Le 19 avril, Sally Lane, la mère de Jack Letts, l’un des quatre Canadiens, a écrit à la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, pour lui demander d’autoriser rapidement une délégation de sept membres en Syrie fin mai.

« Je suis convaincue que dans les circonstances actuelles, autoriser cette délégation est essentiel pour sauver la vie de Jack et protéger les droits de tous les détenus canadiens, a écrit Mme Lane. À ce titre, je serai membre de cette délégation. »

Jack Letts est devenu un musulman dévoué, est parti en vacances en Jordanie à 18 ans, puis a étudié au Koweït avant de se retrouver en Syrie. Sa famille affirme qu’il a été capturé par les forces kurdes alors qu’il fuyait le pays avec un groupe de réfugiés en 2017.

Dans une entrevue, Mme Lane a déclaré que le gouvernement avait refusé de fournir un soutien à la délégation canadienne. « Ils n’ont pas vraiment donné de raison. Tout ce qu’ils ont dit, c’est que le rapatriement sera effectué uniquement par les membres du gouvernement », a-t-elle indiqué.

Étant donné que la mission remaniée prévue pour août sera davantage un voyage d’information, Mme Lane a maintenant décidé de ne pas y aller.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles le gouvernement n’appuierait pas la délégation proposée, un porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Jean-Pierre Godbout, a déclaré qu’Ottawa déconseillait tout voyage en Syrie.

« Pour des raisons de confidentialité et de sécurité opérationnelle, nous ne pouvons pas commenter des cas spécifiques ou des actions futures potentielles », a-t-il ajouté.

L’identité et la situation des trois autres hommes canadiens ne sont pas connues du public.