Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a lui aussi ouvert vendredi une enquête sur l’accident du submersible Titan, qui met également en cause le navire Polar Prince battant pavillon canadien.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

  • Le submersible Titan a commencé sa descente vers l’épave du Titanic dimanche, mais a perdu le contact moins de deux heures plus tard.
  • Les cinq personnes qui se trouvaient à bord sont mortes, selon l’entreprise OceanGate, organisatrice de l’expédition.
  • Mercredi, un avion de surveillance militaire canadien a « détecté des bruits sous-marins dans la zone de recherche ».
  • La zone de recherches en surface s’étendait sur 20 000 km2.
  • Les recherches s’effectuaient à environ 1450 km à l’est du cap Cod et à 640 km au sud-est de St. John’s à Terre-Neuve.
  • Un cadre d’OceanGate Experiences a été licencié en 2018 après avoir fait état de failles quant à la sécurité du sous-marin.
  • Le Wall Street Journal a révélé que la marine américaine avait détecté dès dimanche un signal indiquant la probable implosion du submersible.

Le navire de marchandises Polar Prince fournissait du soutien en surface au submersible Titan et se trouvait au site de l’épave du Titanic, à 325 milles marins — soit 600 km — au sud-sud-est du cap Race, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Un total de 17 membres d’équipage et 24 personnes se trouvaient à bord du Polar Prince. Parmi elles, cinq étaient dans le Titan et sont présumées mortes après que des débris du submersible ont été retrouvés au fond de l’océan, jeudi.

« Conformément à la Loi sur le Bureau canadien d’enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports et aux ententes internationales, le BST, en tant qu’organisme d’enquête de l’État du pavillon du navire de soutien en cause dans l’évènement, mènera une enquête de sécurité sur les circonstances de cette opération effectuée par le navire Polar Prince battant pavillon canadien », explique le BST.

Des enquêteurs du BST amorceront leur enquête à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, pour recueillir de l’information, mener des entrevues et évaluer l’évènement. Ils se coordonneront ensuite avec les autres organismes concernés.

Les gardes-côtes américains mènent eux aussi une enquête sur l’implosion catastrophique du submersible Titan, qui s’est fracassé avant de couler au fond de l’océan Atlantique lors d’une expédition visant à aller explorer l’épave du Titanic.

PHOTO FOURNIE PAR OCEANGATE EXPEDITIONS VIA ASSOCIATED PRESS

Après quatre jours de vaste recherche qui ont captivé aux États-Unis et à l’étranger, les gardes-côtes américains et l’organisateur de l’expédition OceanGate ont annoncé jeudi que les cinq passagers du submersible Titan étaient morts dans l’« implosion catastrophique » de l’appareil.

Les cinq personnes à bord ont été présumées mortes jeudi, peu de temps après qu’un équipage guidant un véhicule télécommandé a repéré l’épave du Titan à environ 500 mètres de la proue du Titanic.

Le Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis a publié vendredi un communiqué pour confirmer que les gardes-côtes américains considéraient l’incident du Titan comme un « accident maritime majeur » et que, par conséquent, ils mèneraient l’enquête.

Un vaisseau canadien ?

Depuis le début des recherches, dimanche en fin de journée, les gardes-côtes américains ont à plusieurs reprises indiqué que le Titan était un vaisseau canadien, puisqu’il était lié à un navire mère canadien, même si le siège social de l’entreprise qui exploitait le navire est situé dans l’État de Washington.

L’enquête sur ce qui s’est passé avec le Titan est déjà en cours et se poursuivra dans la zone autour de l’épave du Titanic, a fait savoir le contre-amiral John Mauger, du premier district des garde-côtes américains.

PHOTO STEVEN SENNE, ASSOCIATED PRESS

Le contre-amiral John Mauger des gardes-côtes américains

« Je sais qu’il y a aussi beaucoup de questions sur le comment, le pourquoi et le quand de ce qui s’est passé. Ce sont des questions sur lesquelles nous allons recueillir autant d’informations que possible », a mentionné M. Mauger, ajoutant qu’il s’agissait d’une « affaire complexe » qui s’est déroulée dans un coin reculé de l’océan et qui a impliqué des personnes de plusieurs pays différents.

Le premier indice est apparu jeudi soir lorsqu’un haut responsable de la marine américaine a révélé qu’après que le Titan a été porté disparu, dimanche, la marine a analysé ses données acoustiques et trouvé une « anomalie » qui correspond à une implosion ou à une explosion dans le voisinage général de l’endroit où le navire opérait lorsque les communications ont été perdues.

Les personnes tuées sont Stockton Rush, le PDG d’OceanGate Expeditions, l’entreprise qui possédait et exploitait le submersible ; deux membres d’une famille pakistanaise influente, Shahzada Dawood et son fils Suleman Dawood ; l’aventurier britannique Hamish Harding ; et l’expert français du Titanic Paul-Henri Nargeolet.

PHOTOS FOURNIES À L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans le sens des aiguilles d’une horloge : Stockton Rush, Hamish Harding, Shahzada Dawood, son fils Suleman Dawood et Paul-Henri Nargeolet

Le Titan a été mis à l’eau à 8 heures du matin dimanche et a été signalé en retard dimanche après-midi à environ 700 kilomètres au sud de Saint-Jean, à Terre-Neuve. Les secouristes ont dépêché des navires, des avions et d’autres équipements sur le site de la disparition.

Tout espoir de retrouver l’équipage vivant a été anéanti jeudi, lorsque la réserve d’air de 96 heures du submersible a été épuisée et que les gardes-côtes ont annoncé que des débris avaient été retrouvés à environ 500 mètres du Titanic.

Les gardes-côtes ont expliqué jeudi que les sons détectés pendant les recherches ― qui avaient donné aux sauveteurs l’espoir que les personnes étaient peut-être en vie ― étaient probablement générés par quelque chose d’autre que le Titan.

Le responsable de la marine qui a parlé de l’« anomalie » entendue dimanche a déclaré que la marine avait transmis l’information aux gardes-côtes, qui ont poursuivi leurs recherches parce que les données n’étaient pas considérées comme définitives.

Les hommages et les éloges aux chercheurs qui ont tenté de les sauver ont afflué du monde entier.

La famille de M. Harding s’est exprimée dans un communiqué : « Il était unique en son genre et nous l’adorions […] Ce qu’il a accompli au cours de sa vie était vraiment remarquable et si nous pouvons tirer une petite consolation de cette tragédie, c’est que nous l’avons perdu alors qu’il faisait ce qu’il aimait. »

Dans une déclaration commençant par un verset du Coran, la famille Dawood a remercié les secouristes : « Nous sommes également redevables à nos amis, à notre famille, à nos collègues et à nos bienfaiteurs du monde entier qui nous ont soutenus dans cette épreuve. »

Un ami et collègue de longue date de M. Nargeolet a affirmé aux médias français que lorsque le contact a été perdu dimanche, il a rapidement craint le pire.

« Malheureusement, j’ai tout de suite pensé à une implosion », a avoué vendredi Christian Pétron, plongeur et cinéaste sous-marin à la retraite, à Franceinfo. Aux profondeurs auxquelles le submersible évoluait, la pression est intense et impitoyable, a-t-il fait remarquer.

« Il est évident que le moindre problème avec la coque et son implosion est immédiat », a ajouté M. Pétron.

Le réalisateur James Cameron, qui a effectué de nombreuses plongées sur l’épave du Titanic, a dit à la BBC qu’il avait su qu’un « évènement catastrophique extrême » s’était produit dès qu’il avait appris que le submersible avait perdu la navigation et les communications en même temps.

« Pour moi, il n’y avait aucun doute, a assuré M. Cameron. Il n’y a pas eu de recherches. Lorsqu’ils ont finalement fait descendre un ROV (véhicule télécommandé) capable d’atteindre la profondeur voulue, ils l’ont trouvé en quelques heures. Probablement en quelques minutes. »

Il a ajouté que les informations sur les 96 heures de réserve d’oxygène et les bruits de claquement étaient une « mascarade prolongée et cauchemardesque » qui a donné de faux espoirs aux familles des membres de l’équipage.

Avec des informations de Patrick Whittle, The Associated Press