(Québec) Les dépouilles de deux bébés innus morts il y a une cinquantaine d’années seront transférées à Montréal au cours de l’été pour que l’on procède à des analyses d’ADN à la demande de familles qui souhaitent confirmer leur identité.

Les autorités publiques ont expliqué cette démarche au cours d’un breffage technique, mercredi, à la suite d’un jugement de la Cour supérieure qui a autorisé les exhumations. Ce sont les premières depuis l’adoption, en 2021, d’une loi facilitant les démarches des familles autochtones qui ont perdu un enfant à la suite d’une évacuation médicale ou d’une hospitalisation loin de leur communauté.

C’est le Bureau du coroner du Québec qui aura la responsabilité de coordonner les exhumations, qui auront lieu au cours de l’été, d’assurer le transport des dépouilles à la morgue de Montréal, de rédiger un rapport confirmant ou non l’identification, et qui pourra ensuite autoriser la remise des corps aux familles.

Le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal aura la charge de faire les analyses d’ADN qui pourront prendre de quelques semaines à quelques mois, a expliqué sa directrice générale, Suzanne Marchand. Cela va dépendre de la qualité de l’ADN recueilli en fonction de la préservation des corps.

Les deux enfants de la communauté de Pessamit (auparavant Betsiamites) seraient morts de la coqueluche dans les premiers mois de leur vie, dans un hôpital de Baie-Comeau, en 1970. À l’époque, leurs parents n’avaient pas pu les accompagner, puis avaient ensuite reçu un cercueil avec interdiction de l’ouvrir.

150 enfants recherchés

« On va pouvoir comparer au profil ADN des familles, qu’on a déjà en banque au laboratoire. Le résultat va confirmer ou infirmer qu’on a affaire aux bons enfants, et les résultats seront transmis au coroner », a indiqué Mme Marchand.

Lorsque ce travail sera fait, les corps seront rendus aux familles, qui pourront les inhumer. « Si l’identification est infirmée, ils vont être retournés dans leur lieu de sépulture », a précisé la coroner Andrée Kronström, qui représentait le Bureau du coroner lors de la présentation.

Cette démarche risque de se produire à nouveau dans les prochains mois. En février, Québec avait entamé des recherches pour retrouver 120 enfants autochtones morts ou disparus. Il en cherche maintenant 150. Florence Dupré, coordonnatrice à la direction du soutien aux familles du Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit, souligne que ce nombre « évolue malheureusement et douloureusement de jour en jour ».

L’identité des familles et le moment exact des exhumations ne seront pas rendus publics. « Le deuil, tout le monde le sait, c’est très intime. On a besoin que les familles le fassent dans l’intimité. C’est la demande de toutes les familles », a indiqué Françoise Ruperthouse, directrice générale de l’Association des familles Awacak.

Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, La Presse