(Lac-Mégantic) Justin Trudeau reconnaît que la voie de contournement a été un processus « très long » pour les Méganticois, mais estime que dix ans après le « traumatisme » qu’a été la tragédie de Lac-Mégantic, il faut aller de l’avant.

Le premier ministre du Canada était à Lac-Mégantic, jeudi, pour assister à la messe commémorative qui a rendu hommage aux 47 personnes qui ont perdu la vie la nuit du 5 au 6 juillet 2013.

Bien qu’il crée des divisions dans la communauté, le projet de voie de contournement commencera à être construit à l’automne, a-t-il assuré.

Je comprends qu’il y a des agriculteurs qui sont préoccupés par la perte de certains terrains, mais pour moi, ce n’est même pas une question qui se pose.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Le traumatisme et la peine » des Méganticois, qui voient le train passer chaque jour au centre-ville, doivent connaître une fin, a-t-il dit. Il est prévu que les trains évitent le cœur de la ville, mais des opposants craignent les expropriations et la destruction de milieux humides.

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Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

Peu avant, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, a estimé que la voie de contournement est « dans le meilleur intérêt » de tout le monde. « Je comprends les inquiétudes, c’est une question compliquée », a-t-il ajouté.

Avant d’entrer dans l’église Sainte-Agnès, le premier ministre François Legault a quant à lui appelé la communauté à garder espoir.

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François Legault, premier ministre du Québec

« On n’oubliera jamais, ça vous a marqués pour la vie, mais la vie doit continuer. On doit garder espoir. Cette vie est courte, il faut trouver de bons moments », a déclaré M. Legault.

Lorsque le train a décimé Lac-Mégantic, la vice-première ministre Geneviève Guilbault était à l’époque porte-parole du Bureau du coroner.

Elle dit garder une « grande leçon d’humilité et de résilience ». « Quand on est arrivés le 6 juillet, on pensait venir pour quelques jours, on est restés pour plusieurs semaines, pour la plupart », a-t-elle relaté.

Une cérémonie qui se veut sobre

La messe commémorative a débuté par une projection des photos des 47 victimes du train sur un écran géant installé dans l’église. Le visage des personnes qui se sont suicidées à la suite de la tragédie a aussi défilé.

À la fin de la cérémonie, les cloches de l’église ont sonné 47 fois. Les politiciens présents sur place ont déposé des gerbes de fleurs devant l’église.

Non loin de là, des membres de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic ont quant à eux déposé des fleurs sur la voie ferrée.

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Les politiciens présents sur place ont déposé des gerbes de fleurs devant l’église.

Gilles Fluet a été l’un des premiers à voir le train dérailler. La « p’tite dernière bière » qu’il a refusée à ses amis le soir dans la nuit du 6 juillet lui a probablement sauvé la vie.

« Ça faisait cinq minutes que j’étais parti du Musi-Café. Je remontais avec un couple d’amis, et quand j’ai traversé la track, il m’est passé de quoi d’étrange dans le dos. Je me suis reviré : c’étaient des citernes pas de moteurs, pas de lumières, pas de klaxons, pas de bruits de freins… », a relaté M. Fluet.

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Une messe commémorative s’est tenue à l’église Sainte-Agnès jeudi.

Il dit qu’il n’oubliera jamais les cris de détresse, le son des transformateurs qui explosaient, le pétrole qui coulait, les valves de sécurité des citernes qui « braillaient ».

Jeudi, Gilles Fluet n’avait pas l’intention d’être à l’église pour la messe commémorative. Il y a assisté à trop de funérailles, a-t-il expliqué.