(Montréal) Le Bureau du Principe de Joyce, visant à faire appliquer le principe du même nom, a été lancé samedi dans la communauté de Manawan, dans la région de Lanaudière. L’évènement remplit de fierté l’équipe du bureau, et démontre l’importance de respecter l’autodétermination des peuples autochtones, selon l’organisation.

Le Principe de Joyce est né à la suite de consultations publiques suivant la triste mort de Joyce Echaquan, originaire de Manawan, au centre hospitalier de Joliette, en septembre 2020. Dans une vidéo qui avait été diffusée en direct sur Facebook, le Québec avait été témoin d'une pluie d’injures qui avaient été proférées à Mme Echaquan par des employées de l’hôpital, peu avant sa mort.

Le principe a donc pour but de « garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle ».

Le Bureau du Principe de Joyce, qui a été officiellement lancé sur le coup de midi, samedi, sur le site du Pow-Wow de Manawan, concrétise l’application du principe.

« Son mandat principal c’est vraiment de promouvoir le Principe de Joyce, de soutenir l’implantation du Principe de Joyce dans diverses organisations en lien avec la santé et les services sociaux [ainsi que] dans le domaine de l’enseignement. Et aussi, de s’assurer de faire des suivis sur l’application du principe », explique Jennifer Petiquay-Dufresne, directrice générale du Bureau du Principe de Joyce.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Une photo de Joyce Echaquan tenue aux côtés de son mari Carol Dubé lors du premier anniversaire de sa mort.

Plusieurs organisations ont déjà adopté le principe de Joyce, mais le Bureau a pris la décision de ne pas les publiciser pour l’instant.

« On veut vraiment s’assurer que ces organisations-là le mettent en œuvre », évoque Mme Petiquay-Dufresne.

Toutefois, le Collège des médecins, l’Assemblée des Premières Nations du Canada, des syndicats, des ordres professionnels et des universités font partie des institutions qui se sont engagées à implanter le principe.

« Je crois que si on travaillait ensemble, si le gouvernement du Québec adoptait le Principe, là, on pourrait grandement changer le paradigme sur la santé publique, où on prend en considération l’identité culturelle des différents peuples dans la société québécoise et la société canadienne », a affirmé le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Sipi Flamand, lors de l’inauguration du Bureau.

Le lancement du Bureau permet d’« amener à la vie » le Principe de Joyce, souligne Mme Petiquay-Dufresne.

« Avec le lancement officiel du bureau et avec l’ajout de ces ressources-là au sein du bureau, ce qu’on veut c’est vraiment le faire vivre, que les gens qui utilisent le système de la santé, les personnes autochtones qui l’utilisent, le voient vivre dans le réseau, et qu’ils voient les changements que peut apporter le Principe de Joyce », affirme-t-elle.

Le Bureau du Principe de Joyce a également une fonction de partage des connaissances.

« Ce serait de développer des outils, des formations, sur les droits des personnes autochtones en santé [et] services sociaux, c’est quoi les différents services, c’est quoi les organisations de soins, comment elles sont structurées, pour permettre aux usagers de mieux comprendre le système de la santé », détaille Mme Petiquay-Dufresne.

Respecter l’autodétermination et les droits des peuples autochtones

Pour Jennifer Petiquay-Dufresne, l’élaboration du Principe de Joyce et de son bureau « est un exemple éloquent de la nécessité de respecter l’autodétermination des peuples autochtones et leurs droits ».

« Quand Joyce est décédée, la nation atikamekw, la communauté de Manawan et la famille de Joyce, notre premier réflexe en tant que nation [c’était] de dire : comment on peut faire partie de la solution ? Parce qu’on trouve que ça n’a plus d’allure ce qui se passe, on veut que ça change. […] Comment on peut reprendre le contrôle sur notre destinée, sur notre mieux-être ? », raconte-t-elle.

« J’étais très émue du processus qui a entouré la création du Principe de Joyce, et ça a été possible grâce à l’apport d’un comité stratégique super proactif, super impliqué, puis surtout de la famille de Joyce, qui a été là partout du début à la fin, qui a teinté la démarche », ajoute-t-elle.

La famille de Mme Echaquan est toujours activement impliquée dans les activités du Bureau.

Mme Petiquay-Dufresne souligne que le Bureau est « fier de porter la cause qui soutient l’équité d’accès en santé pour les personnes autochtones ».

« On est super fier aussi de voir à quel point la population non autochtone est mobilisée avec nous », déclare-t-elle, disant que la population a été « touchée et engagée » concernant la cause.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.