L’idée a pris forme durant la pandémie : offrir des paniers d’aliments à ceux qui n’avaient pas de quoi payer l’épicerie. Cela a permis à l’Alliance de commerces mexicains à Montréal (ACOMM) de rester ouverte en devenant un service essentiel… et de répondre aux besoins de la communauté latino-américaine.

Un petit café avec ça ? Avec plaisir. Un bol de soupe ? Pourquoi pas.

C’est ainsi qu’est né le Café latino comunitario, rue Saint-Hubert. Un projet piloté par Irlanda Espinoza, qui a fondé il y a 9 ans l’Alliance de commerces mexicains à Montréal (ACOMM), pour aider les entrepreneurs originaires d’Amérique latine à se lancer en affaires. Mme Espinoza en est présidente. Sa tante, Grecia Gutierrez, vice-présidente. Et sa mère transporte les bénévoles dans sa camionnette.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Isabel Resendiz, bénévole au Café latino comunitario

L’organisme compte 10 employés et huit fois plus de bénévoles, dont 80 % sont des demandeurs d’asile.

En plus de sa mission initiale, l’ACOMM est devenue une sorte de « resto du cœur » au service des immigrants et des résidents temporaires, travailleurs, étudiants internationaux et sans-papiers. Sept jours sur sept, de 9 h à 17 h, on peut venir y chercher un panier d’aliments pour 7 $ ou manger un plat pour 6 $ : tacos, burritos, empanadas, enchiladas… Les mets sont cuisinés sur place avec les restants de la banque alimentaire.

« L’idée, c’est de ne pas acheter de nourriture, mais aussi de ne pas gaspiller », explique Irlanda Espinoza, qui est arrivée au Québec du Mexique il y a 23 ans, à l’âge de 22 ans.

On a commencé par offrir une soupe chaude. Ça marchait très bien. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire de plus qui ne coûte pas cher.

Irlanda Espinoza, présidente de l’ACOMM

« On a contacté nos entrepreneurs, des propriétaires d’entreprises. On les connaît parce qu’ils ont fait la formation avec nous : M. Tacos. M. Tortilla. M. Chips… On leur a demandé de nous en donner. Ils ont tous accepté. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Nathalia Mosquera distribue des paniers de nourriture.

Sa tante Grecia Gutierrez ajoute : « On veut que les gens se sentent bien, comme chez eux, dans leur pays. Il y a des gens qui viennent, qui mangent et qui restent assis sans rien dire. On leur demande si ça va : “La nourriture n’est pas bonne ?” Ils disent : “Elle l’est. Ça me fait penser à la cuisine de ma mère…” »

Un service essentiel

Quand la pandémie a frappé, en mars 2020, tous les organismes ont dû fermer leurs portes, rappelle Mme Espinoza. Le seul moyen de rester ouvert et de poursuivre ses activités était d’être un service essentiel, d’où l’idée d’ouvrir une banque alimentaire.

« On s’est questionnés, explique-t-elle. De quoi les gens ont-ils besoin ? Avec la COVID-19, ils ne peuvent pas lancer une entreprise. Ils n’ont pas besoin de se former. Ils ont besoin de manger. Quand j’ai dit aux membres de l’équipe qu’on allait ouvrir une banque alimentaire, ils ont tous pensé que j’étais tombée sur la tête ! »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le Café latino compte 10 employés rémunérés et 80 bénévoles.

Puis, après la banque alimentaire, elle a eu l’idée d’un café.

Il y a un an et demi, l’ACOMM a quitté son local de la Plaza St-Hubert, devenu trop petit pour ses ambitions. Son emplacement actuel se trouve toujours rue Saint-Hubert, mais au nord de la rue Jean-Talon, où de nombreux commerces latinos ont fait leur apparition. Le local est assez grand pour héberger des bureaux, une banque alimentaire, un café et un magasin avec des produits de première nécessité.

« Durant la COVID, tout le monde attendait dehors dans le froid, raconte Grecia Gutierrez. J’ai commencé à donner des cafés. “Est-ce que quelqu’un veut un café ? Oui, oui, moi !” »

Puis, l’année passée, on a ouvert le Café latino pour que les gens puissent se réunir. On a lancé une campagne de sociofinancement et demandé un prêt. Toute la communauté nous a donné son appui.

Grecia Gutierrez, vice-présidente de l’ACOMM

600 paniers par semaine

La crise de la COVID-19 a fini par finir et l’ACOMM a pu recommencer à offrir des services aux entrepreneurs. Mais la banque alimentaire est là pour de bon. Tout comme le café.

« On est débordés, affirme Irlanda Espinoza. On n’arrive pas. La COVID a laissé des traces et l’inflation n’arrête pas. On a commencé avec 30 paniers par semaine, on est rendus à plus de 600. Les gens ne peuvent pas aller à l’épicerie. Ils n’ont pas le choix de venir ici. C’est toutes sortes de personnes. Des personnes qui ont payé 28 000 $ pour étudier au Canada, mais qui n’ont pas d’argent pour acheter de la nourriture. On a beaucoup d’étudiants internationaux. »

Depuis l’été dernier, l’organisme offre aussi un camp de jour pour les adolescents de 12 à 18 ans. « Ce sont en majorité des enfants d’étudiants étrangers, précise Mme Espinoza. J’ai 60 ados, je ne peux pas en prendre plus. Ceux qui ont entre 16 et 18 ans, ce sont des moniteurs. C’est la folie ! »

En savoir plus
  • 25 $
    Frais d’adhésion annuels au Café latino comunitario. Les membres peuvent se procurer un panier d’aliments pour 7 $.
    ACOMM