L’avis d’ébullition en vigueur depuis vendredi dernier dans un large secteur de l’agglomération de Longueuil a été levé dimanche après-midi pour les arrondissements du Vieux-Longueuil et de Saint-Hubert, mais il a été maintenu à Boucherville et à Saint-Bruno-de-Montarville

Mince consolation pour des citoyens mécontents qui déplorent avoir appris en retard, le plus souvent par les nouvelles, l’entrée en vigueur d’un avis d’ébullition dans un vaste pan de l’agglomération de Longueuil, vendredi dernier. Une situation sur laquelle la Ville entend se pencher, même si elle prévient qu’il n’existe pas de solution miracle.

« Ça fait dur en cr… », rage Sylvain Boisclair, résidant du Vieux-Longueuil, en empilant les emballages d’eau embouteillée dans son panier d’épicerie.

Comme plusieurs autres résidants du secteur rencontrés dimanche après-midi, il affirme n’avoir appris que samedi qu’il devait éviter l’eau de son robinet… depuis la veille.

Un avis d’ébullition de l’eau touchant près de 300 000 personnes vivant dans l’agglomération de Longueuil a été décrété vendredi dernier après la découverte de bactéries E. coli dans le réseau d’aqueduc de la municipalité.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Daphnée Harbour, résidante du Vieux-Longueuil

Depuis, beaucoup s’inquiètent des impacts sur leur santé d’avoir consommé de l’eau du réseau d’aqueduc. « Mes enfants sont allés au parc hier et ils en ont bu », a témoigné Daphnée Harbour, assise dans une balançoire du parc Fernand-Bouffard. « C’est ordinaire. »

Confusion et tablettes vides

Rapidement, les tablettes de certaines épiceries se sont vidées de leurs réserves d’eau embouteillée, comme à la succursale Metro de la rue Saint-Charles, dans le Vieux-Longueuil, pourtant un des rares secteurs de la ville épargnés par l’avis d’ébullition.

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Les tablettes où se trouve d’ordinaire l’eau embouteillée étaient complètement vides à la succursale Metro de la rue Saint-Charles.

« Je l’ai su parce qu’en allant au McDo, on ne pouvait pas commander de smoothies », a témoigné l’une des clientes désemparées devant l’étagère vide, Catherine Girard. « J’ai lavé ma salade avec de l’eau pétillante », ajoute-t-elle en souriant.

Plusieurs citoyens avec qui La Presse s’est entretenue ont toutefois déploré l’affichage, sur le site internet de la Ville, d’une carte dont la définition était limitée comme seule indication du territoire concerné par la mesure.

Signe de la confusion régnant à ce sujet, le restaurant Madame Thaï, toujours rue Saint-Charles, avait décidé de ne pas prendre de risques et d’éviter l’eau du robinet même si cette carte indiquait pourtant qu’il n’était pas touché. « On préfère, au cas où, même si ce n’est pas le cas ici », a confirmé le responsable sur place ce jour-là, Thomas Vigot, derrière le bar.

L’avis levé partiellement

En fin d’après-midi, la Ville a annoncé que les résultats des récentes analyses d’échantillons prélevés sur le réseau de Longueuil étaient « conformes » et que les citoyens visés par cet avis n’avaient donc plus besoin de faire bouillir l’eau avant de la consommer.

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Certains résidants des secteurs touchés ont consommé de l’eau avant de savoir qu’elle était visée par un avis d’ébullition.

Les analyses sont sur le point d’être achevées à Boucherville et à Saint-Bruno-de-Montarville, où environ 42 000 et 27 000 citoyens, respectivement, sont toujours concernés.

Quant à la cause exacte de la présence de la bactérie E. coli dans le réseau d’aqueduc, la Ville l’ignore pour le moment. « Parfois, ça va être un entrepreneur qui accroche une conduite et donc là on sait que c’est probablement ça, mais là, je n’ai aucune indication de ce type », précise le porte-parole de l’agglomération de Longueuil, Louis-Pascal Cyr.

Longueuil dit prélever chaque année plus de 2100 échantillons dans son réseau d’eau potable. Or, un de ces échantillons s’est révélé être non conforme vendredi en vertu du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Nos tests nous confirment qu’il y a présence ou absence d’E. coli, sans en spécifier la “concentration”, si le terme s’applique.

Louis-Pascal Cyr, porte-parole de l’agglomération de Longueuil

Le résultat a donc mené à la diffusion de l’avis pour toutes les villes alimentées en eau potable par l’usine d’eau potable Louise-Gravel, de Longueuil.

Afin de lever l’avis, deux séries de 20 échantillons prélevés sur deux jours consécutifs doivent être conformes et exemptes de contaminants, d’où le délai de deux jours.

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L’usine d’eau potable Louise-Gravel, dans le Vieux-Longueuil

Qui plus est, les réseaux rattachés à celui de Longueuil doivent aussi obtenir cette conformité puisque les échantillons sont pris à la sortie du réseau d’aqueduc, dans les robinets résidentiels, en quelque sorte. Les villes alimentées par l’usine d’eau potable Louise-Gravel sont donc responsables d’effectuer l’échantillonnage sur leur réseau local, ce qui explique le délai pour Boucherville et Saint-Bruno-de-Montarville.

Le consentement nécessaire

Quant aux critiques des citoyens en lien avec le délai pour les informer de la situation, Louis-Pascal Cyr maintient que « rejoindre 300 000 personnes dans un délai extrêmement court, c’est très difficile ». « [Les] médias, je me souviens, à une certaine époque, c’était le seul moyen qu’on avait pour rejoindre les gens », nuance-t-il.

À ceux qui s’interrogent à savoir pourquoi il n’est pas possible pour les municipalités d’envoyer une notification semblable aux alertes AMBER, le porte-parole rappelle qu’elles doivent obtenir le « consentement » des usagers qui doivent d’abord s’inscrire à leur système d’alerte.

Longueuil a toutefois reconnu avoir vécu un ralentissement lors de la transmission de l’avis d’ébullition par son système automatique vendredi. La Ville dit être en lien avec le fournisseur et une investigation est en cours.

« Lorsqu’on envoie en même temps un texto à des milliers de personnes, il faut que le réseau puisse accueillir ça, même chose pour les courriels. On va notamment se pencher sur la performance de notre [système automatique] d’appels, mais on sait déjà qu’il n’en existe pas de parfait », affirme Louis-Pascal Cyr.