Le Canada est le pays du G7 avec la croissance démographique la plus forte, et se « classe probablement parmi les 20 pays du monde où la croissance est la plus importante », a dit mercredi Statistique Canada. Le pays connaît même sa plus forte hausse de la population en 12 mois depuis 1957.

Hausse due à l’immigration

« De toute évidence, cette hausse est due à l’immigration, à la fois permanente et temporaire, explique Laurent Martel, directeur de la division de la démographie à Statistique Canada. Quelque 400 000 résidents permanents ont été admis au pays au cours des 12 derniers mois, tandis qu’environ 600 000 résidents non permanents sont arrivés au Canada au cours de la même période. » Du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023, près de 98 % de la croissance de la population au Canada était due au solde migratoire international, alors que 2 % provenait de la différence entre les naissances et les décès.

Une projection impressionnante

Il s’agit de la plus forte augmentation de la population en 12 mois depuis 1957, soit l’époque du baby-boom, note Patrick Charbonneau, chef au Centre de démographie. « Si le taux d’accroissement démographique de 2,9 % observé au cours de la dernière année devait demeurer au même niveau dans le futur, la population du Canada doublerait en 25 ans. En comparaison, une population qui augmente de 1 % par année mettrait 70 ans à doubler. », dit-il. La forte immigration survient au moment où l’on enregistre par ailleurs une nouvelle diminution du taux de fécondité au pays. « La fécondité a atteint un creux historique en 2022 pour se situer à 1,33 enfant par femme, comparativement à 1,44 en 2021 », signale Statistique Canada.

De nombreux titulaires de permis de travail

Si les demandeurs d’asile ont retenu l’attention ces dernières années, ils sont loin de représenter le visage des nouvelles arrivées au pays. On a enregistré l’arrivée de 257 000 demandeurs d’asile au Canada depuis un an, alors que plus d’un million de titulaires de permis de travail sont arrivés au pays au cours de la même période.

Moins rapide au Québec

Le Québec a connu une croissance de 2,3 % de sa population en un an, un record pour la province. Sur le plan national, en revanche, le Québec se classe à l’avant-dernier rang pour l’ensemble des provinces, derrière des provinces comme l’Alberta (4 %), ainsi que l’Ontario et la Colombie-Britannique (3,0 %). Les provinces maritimes ont aussi connu une croissance plus rapide que celle de l’ensemble du Canada. « La situation s’est complètement renversée par rapport à ce qui prévalait il y a 10 ans, quand les provinces maritimes vivaient une diminution ou une stagnation de leur population », a dit M. Charbonneau.

Réelle tendance

PHOTO PATRICK DOYLE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le Parlement, à Ottawa

M. Charbonneau note que la population du Canada était déjà au sommet de la croissance des pays du G7 avant la pandémie, et que cela s’est poursuivi depuis. « Le fossé s’est élargi au cours des dernières années. La croissance de la population canadienne est désormais plus près de celle des pays les plus en croissance du monde que de celle vécue par n’importe quel autre pays du G7. D’autres pays du G7, notamment l’Italie et le Japon, voient leur population diminuer. » Une population en hausse peut aider le Canada sur le plan de l’économie, « car la hausse démographique et la croissance économique sont intimement liées », a-t-il expliqué. « Toutefois, cela présente aussi des défis, notamment en matière de logement, d’infrastructure et de transports, et des services offerts à la population ».

Dans une version antérieure de ce texte, des citations étaient attribuées à Jean-William Daigle. Elles auraient dû être atribuées à Patrick Charbonneau, chef au Centre de démographie de Statistique Canada. Nos excuses.