On se croirait en juin. C’est pourtant la fin de septembre. Un mois qui a été plus chaud et sec que les normales saisonnières, résume Environnement Canada. Dans les parcs et les rivières de la métropole, en ce dernier jour de septembre, le soleil fait la joie des petits et des grands.

« C’est vraiment un cadeau, aujourd’hui et même toute la semaine », se réjouit François, de retour d’une virée sur le mont Royal avec son conjoint, Jean.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

François et Jean, rencontrés au parc Jeanne-Mance

Autour de lui, les gens flânent dans le parc Jeanne-Mance. Certains se font dorer au soleil, en maillot de bain. Des airs de guitare résonnent. Les effluves de barbecue se faufilent. Le soleil inonde le parterre à travers les feuilles des arbres qui commencent à peine à se colorer. Sur le canal de Lachine, des passants sur des planches à pagaie côtoient des familles en train de pêcher.

Le mercure a atteint le niveau confortable de 23 °C samedi à Montréal. Dans les prochains jours, avec l’arrivée d’octobre, il devrait toucher les 26 °C, avant de redescendre vers la fin de la semaine.

Ce mois de septembre a été en moyenne de 2 à 3 degrés plus chaud que les normales saisonnières, explique Dominic Martel, météorologue pour Environnement Canada. Cet écart a été particulièrement marqué à Montréal, avec 18,5 °C en moyenne, par rapport à 15,5 °C dans les normales saisonnières.

Tout le Québec a vécu un scénario semblable, précise le météorologue. À Trois-Rivières, où la normale est de 14 °C, on a observé 16,3 °C. Du côté de Québec, le mercure a été en moyenne à 16,2 °C, contre 12,7 °C habituellement. Au Saguenay, la normale est de 12 °C, on a observé 15,4 °C. À Mont-Joli, la moyenne a été de 15 °C, contre les 12 °C habituels. Et de 14,6 °C à Gaspé, contre 11,5 °C en temps normal.

Sans compter que dans la majorité des secteurs du Québec, à l’exception de l’Est, les précipitations ont été en bas des normales. C’est particulièrement flagrant à Montréal, où seulement 27 mm de pluie ont été enregistrés, contre 83 mm habituellement en septembre. Un déficit de 68 % de pluie.

« Il faut rester vigilant »

Cette séquence de beau temps ne doit pas faire perdre de vue les risques liés aux changements climatiques, estime Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie au département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

« On vient de connaître l’été le plus chaud jamais enregistré au Canada, rappelle-t-il. En particulier dans le Nord, on risque de terminer le mois de septembre avec trois, voire quatre mois consécutifs de températures plus chaudes [que les normales]. C’est du jamais vu, c’est exceptionnel. Et c’est un peu à l’image de ce qui se passe à travers le globe. »

En effet, l’Agence France-Presse rapportait vendredi que le mois de septembre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré en France, en Allemagne, en Pologne ou en Suisse.

Or, les périodes d’intenses précipitations, suivies de sécheresses, font partie des effets anticipés du dérèglement du climat, rappelle M. Gachon.

« En ce moment, l’Atlantique Nord continue d’être beaucoup plus chaud que d’habitude, remarque-t-il. Ça implique plus d’humidité et des systèmes dépressionnaires qui se déplacent plus lentement que d’habitude. » Résultat : des tempêtes qui restent au même endroit avec plus de précipitations, d’un coup.

Comme la pluie qui s’est abattue sur New York vendredi, inondant les rues et paralysant une partie du système de métro, illustre le professeur.

Ça vaut malgré tout la peine de se réjouir du temps sec de cet automne au Québec : l’été pluvieux avait fait monter le niveau des lacs et des rivières et avait saturé les sols. « Le mois de septembre a permis de sécher un peu tout ça, reconnaît M. Gachon. Et ça a limité les risques d’inondation. » N’empêche, selon lui, l’automne commence à peine. « Il faut rester vigilant. »

Des effets sur le feuillage d’automne ?

Un automne plus chaud et sec peut, dans certains cas, retarder l’apparition des couleurs d’automne, affirme aussi Michel Labrecque, chef de la division recherche au Jardin botanique.

Même si c’est principalement le raccourcissement des périodes d’ensoleillement qui influence l’arrêt de la production de photosynthèse chez les arbres, la température peut aussi jouer un rôle.

« S’il fait très chaud, ça peut ralentir le processus et ça peut faire en sorte que les coloris d’automne vont apparaître plus tardivement », détaille le chercheur. « Ce qu’on observe cette année, surtout dans le sud du Québec, c’est un peu moins d’avance dans les coloris d’automne qu’on pourrait voir normalement. »

Selon la carte interactive de Bonjour Québec qui permet de suivre les couleurs d’automne, la majorité des régions qui bordent le fleuve Saint-Laurent n’en sont qu’au début du processus, en date du 28 septembre. La saison des couleurs s’étire du 15 septembre au 15 octobre.

La sécheresse peut aussi faire tomber les feuilles avant qu’elles ne changent de couleur, ajoute M. Labrecque. « ​​Heureusement, on a eu un été très, très mouillé, estime-t-il. On n’est pas dans une situation catastrophique. On peut tous profiter du beau temps et du spectacle des coloris. »