L’Union des municipalités du Québec (UMQ) se réjouit d’avoir maintenant plus de prise pour réglementer la navigation de plaisance sur les lacs de leurs territoires. Encore faudra-t-il que les municipalités « mettent leurs culottes », dit Michèle Gérin, ex-directrice générale de l’association Bleu Massawippi, qui a été aux premières loges du combat.

Jeudi, la ministre du Revenu, Marie-Claude Bibeau, qui avait pris en charge ce dossier à titre de députée de Compton–Stanstead, en Estrie, a annoncé que Transports Canada aura désormais le pouvoir de publier rapidement un décret quand une municipalité, par résolution et après avoir bien justifié la décision, voudra réglementer l’accès à un lac ou la vitesse des bateaux qui y circulent, par exemple.

« Ça fait 50 ans que des gens du lac Memphrémagog espéraient cela. Nous, au lac Massawippi, on a présenté le dossier à la ministre Bibeau le 8 septembre 2016, relate Mme Gérin. Je m’en souviens parfaitement. Ça a pris sept ans, elle nous a écoutés. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Michèle Gérin, en 2022, devant des bateaux de plaisance au bord du lac Massawippi

On ignore si ça va régler le problème. Chez nous, au lac Massawippi, il y a cinq municipalités. Parviendront-elles à s’entendre ?

Michèle Gérin, ex-directrice générale de l’association Bleu Massawippi

Mme Gérin craint aussi qu’advenant un changement de gouvernement – les libéraux fédéraux sont minoritaires –, tout puisse basculer.

Satisfaction des maires

Joé Deslauriers, maire de Saint-Donat et président du caucus des municipalités locales de l’UMQ, est satisfait que les ministres Marie-Claude Bibeau et Pablo Rodriguez (aux Transports) « aient pris en compte les doléances et reconnaissent le rôle des gouvernements de proximité [les municipalités] », dans ce dossier.

Ne risque-t-il pas d’y avoir de petites et grandes foires d’empoigne à l’avenir dans les assemblées municipales entre ceux qui veulent utiliser motomarines et wakeboards et les riverains qui peuvent s’inquiéter pour la santé de leur lac ou qui réclament plus de quiétude ?

M. Deslauriers dit que la solution passera par des positions modérées.

Il ne saurait être question de « bannir les motomarines », dit-il, mais de les encadrer, sans doute, oui, à certains endroits.

Car la décision de cette semaine du gouvernement canadien « n’est pas une carte blanche aux municipalités », qui devront faire leurs devoirs et prouver que des restrictions sont vraiment nécessaires, si tel est le cas.

« La Constitution reconnaît le droit de naviguer sur les plans d’eau », dit M. Deslauriers.

Il explique qu’à Saint-Donat, dont il est maire, des frais de 450 $ par saison ont néanmoins été imposés aux bateaux à moteur, tandis que les bateaux électriques, eux, ont un accès gratuit aux lacs environnants.

Et ça n’a pas été contesté ? « Oui, mais on l’a emporté devant les tribunaux. Car le jour où il arrive quelque chose au lac, il ne serait pas juste que les travaux à faire soient à la seule charge des riverains et que ceux qui l’auraient aussi utilisé n’aient rien à payer. »

Certaines municipalités, elles, demandent des centaines de dollars pour un accès d’une seule journée, dit M. Deslauriers, ajoutant que ce type de cause se retrouve devant les tribunaux.

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