Le gouvernement Legault n’a pas l’intention de débloquer une aide d’urgence spécifiquement pour aider les producteurs maraîchers à éponger les pertes subies dans les champs en raison des pluies torrentielles de juillet.

Un sondage mené par l’Union des producteurs agricoles (UPA) rendu public lundi a révélé que les averses historiques du mois de juillet auraient endommagé près de 60 % des superficies maraîchères du Québec. Les champs ravagés par les surplus d’eau ont enregistré 42 % de pertes. Du jamais-vu, rapportent plusieurs associations d’agriculteurs, qui demandent une intervention du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne.

Lisez l’article « Un déluge de pertes dans les champs »

En entrevue avec La Presse, lundi, le ministre Lamontagne a répondu qu’en mai dernier, il avait déjà annoncé une aide d’urgence de 100 millions pour les fermes en difficulté financière en raison de l’inflation. Offerte sous la forme d’une garantie de prêt pouvant atteindre 50 000 $, cette aide ponctuelle couvre le remboursement des taux d’intérêt jusqu’à la hauteur de 5 %.

« Au moment où on se parle, il y a eu 885 demandes et on doit être rendus à 20 millions de liquidités générées. Ça veut dire qu’il y a encore un potentiel de 80 millions qui est là », a-t-il expliqué au sujet de ce compte d’urgence.

Réexaminer les programmes en place

Avec les changements climatiques, les épisodes de météo extrême risquent de se multiplier. Pourtant, à peine 50 % des producteurs maraîchers et environ 30 % des producteurs de fraises et de framboises choisissent de s’assurer.

« À plus long terme, c’est de faire en sorte de revisiter ces programmes-là pour voir, est-ce qu’ils pourraient être changés, améliorés ou modifiés pour refléter les réalités qu’on commence à rencontrer de façon de plus en plus récurrente sur le territoire ? », se questionne-t-il.

Le ministre Lamontagne assure aussi qu’il se penchera sur les causes de ces faibles taux d’adhésion.

« Tu as beaucoup d’entreprises qui au fil des années ont pris sur eux d’autogérer leur risque », explique-t-il.

« Qu’est-ce qui fait qu’on n’a pas un taux d’adhésion optimal ? Si […] ce sont des mesures même dans le programme, il va falloir qu’on les modifie, ces programmes-là, pour que ce soit mieux arrimé. Mais ça, la démonstration est à faire. »

En date du 27 octobre, 7064 avis de dommages ont été enregistrés auprès de La Financière agricole du Québec – l’assureur des agriculteurs – comparativement à 3813 l’an dernier. (À noter, ces chiffres comprennent aussi les avis de dommages pour d’autres types de cultures comme les céréales, les grains et le sirop d’érable.)

À ce jour, près de 67 millions ont déjà été versés aux producteurs comparativement à une moyenne de 25,6 millions au cours des cinq dernières années.

« Ça nous démontre qu’il y a vraiment des problèmes cette année […] Mais en même temps, ça nous démontre que s’il y a des plus gros problèmes, il y a des plus gros montants d’argent qui sont versés. Et quand je dis ça, j’ai toute l’empathie et je suis vraiment la situation de près [pour m’assurer] que l’argent sort et que ça va vers les producteurs. Il faut aussi s’assurer que les producteurs vont vers l’argent. »

Lundi, l’OCDE a justement publié un rapport qui analyse les politiques agricoles de 54 pays. Verdict : la majorité d’entre elles ne sont pas à la hauteur du défi climatique, car elles ne favorisent pas l’agilité dans un environnement en mutation.

Avec l’Agence France-Presse