Lundi sera jour de grève pour des milliers d’employés de la fonction publique au Québec. Voici à quoi s’attendre dans les milieux scolaire et hospitalier.

Il y aura grève lundi matin dans les écoles primaires et secondaires du Québec. À quelle heure les élèves sont-ils attendus ?

La grève ne dure que quelques heures, jusqu’à 10 h 30. Pour être informé des modalités du retour en classe – qui diffèrent d’un endroit à l’autre –, il faut suivre de près les courriels de l’école ou du centre de services scolaire. Au centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), le plus gros au Québec, par exemple, « les cours reprendront en après-midi, selon l’horaire habituel. Le transport scolaire et le service de garde seront offerts à la fin des classes uniquement ». Les écoles primaires du centre de services scolaire des Chênes, à Drummondville, accueilleront pour leur part les enfants du primaire à partir de 10 h 40. Bref, les parents doivent vraiment lire attentivement les informations publiées par l’école de leur enfant.

Toutes les écoles sont-elles touchées ?

Toutes les écoles publiques du Québec seront touchées par cette première journée de grève en éducation cette année, que leurs enseignants fassent ou non partie du front commun. Par exemple, les enseignants du CSSDM n’en font pas partie, mais le personnel de soutien (éducatrices du service de garde, secrétaires, concierges, etc.), oui. Le syndicat des enseignants du CSSDM (l’Alliance des professeurs) a déjà rappelé en début de semaine à ses membres que « dans le respect du droit de grève de nos collègues, aucune ligne de piquetage ne doit être franchie ». C’est donc dire que directement ou indirectement, toutes les écoles publiques du Québec seront touchées lundi, y compris celles des commissions scolaires anglophones.

Attention aux petits !

Nancy Thivierge, directrice des relations du travail et des ressources humaines à la Fédération des centres de services scolaires du Québec, rappelle l’importance pour le personnel comme pour les familles d’être bien au fait des consignes. « On a des élèves marcheurs », rappelle-t-elle, et il ne faudrait pas que des petits soient déposés dans la cour d’école par les parents qui ignoreraient qu’il y a grève lundi. La sécurité des élèves comme du personnel doit être la grande priorité, rappelle Mme Thivierge.

Qu’en est-il des CPE et des garderies ?

Leur personnel ne fait pas partie du front commun et les tout-petits ne sont donc pas touchés. Ce sont bien les services de garde des écoles qui seront paralysés pendant quelques heures lundi.

Et les écoles privées ?

Elles non plus ne font pas partie du front commun. Il y a eu des épisodes de grève à Regina Assumpta depuis le début de l’année et des journées de grèves supplémentaires y sont annoncées en novembre, mais il s’agit d’un enjeu local qui n’a rien à voir avec la grève de lundi.

Combien de centres de services scolaires risquent d’être touchées par la possible grève illimitée annoncée le 23 novembre ?

Douze centres de services scolaires ont des enseignants qui sont représentés par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Ce seront 65 000 enseignants qui pourraient entreprendre une grève illimitée à partir du 23 novembre (et qui ne sont pas en grève lundi). Ils travaillent notamment dans les centres de services scolaires de Montréal, de Laval et de La Capitale, à Québec.

À quel point ces grèves en éducation sont-elles fréquentes ?

En 2021, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) avait un mandat de cinq jours de grève en poche, mais ces cinq jours n’ont pas tous été utilisés. En 2015, le front commun avait débrayé pendant deux jours. Une grande grève de plus de deux jours consécutifs comme celle annoncée par la FAE si elle ne s’entend pas avec le gouvernement d’ici au 23 novembre, ça remonte à une quarantaine d’années.

À quoi peuvent s’attendre les étudiants des cégeps et des universités ?

La grève touchera l’ensemble des cégeps publics de la province, et ce, jusqu’à midi. Par la suite, ce sera à chaque établissement d’établir « s’il rouvre ou s’il demeure fermé », affirme François Enault, premier vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Comme pour les écoles primaires et secondaires, il est donc important de garder un œil sur la façon de procéder des différents cégeps. Le collège Ahuntsic, par exemple, reprendra ses activités en après-midi, mais les cours débutant d’ordinaire à 12 h commenceront exceptionnellement à 12 h 30. Les universités, quant à elles, ne seront pas de la grève prévue lundi et leurs services ne seront pas touchés.

Les soins dans les hôpitaux seront-ils maintenus ?

Dans le milieu de la santé et des services sociaux, la grève aura cours toute la journée, jusqu’à 23 h 59 lundi soir. Le portrait y est hautement plus complexe, estime toutefois M. Enault, en raison de l’obligation qu’a le front commun de « s’assurer de la santé et de la sécurité de la population ». « Quand il s’agit de soins directs à un patient, c’est clair que le temps de grève est réduit de beaucoup. » Les services d’urgence et de soins intensifs seront assurés comme à la normale, a notamment précisé le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Peu d’impact, donc ?

Malgré cette obligation, la grève devrait se faire sentir en milieu hospitalier. En fonction du type d’emploi, elle se fera à raison de 10 % à 60 % des heures normalement travaillées. Pour les infirmières et les préposées aux bénéficiaires travaillant directement avec les patients, cela se traduira par 43 minutes de grève par quart travaillé. On parle plutôt de 4 h 30 min pour les adjointes administratives, par exemple. « Le personnel-cadre devra mettre la main à la pâte pour compenser » les heures non travaillées par les syndiqués, ajoute M. Enault. Jointe par La Presse, la CSQ affirme en somme qu’il y aura inévitablement des impacts dans le réseau de la santé. « C’est un peu le but d’une grève », dit-elle.

Et ailleurs dans le réseau ?

La prestation de services sera également au ralenti dans les centres de vaccination et de prélèvement. Les cliniques privées, elles, ne sont pas incluses dans les revendications du front commun, et aucune grève n’y est prévue.