Le front commun syndical réunissant 420 000 travailleurs des secteurs public et parapublic sera à nouveau en grève les 21, 22 et 23 novembre. Lundi, ils ont été nombreux à manifester leur mécontentement à l’égard des dernières offres de Québec.

Ce sont donc trois nouvelles journées de perturbations dans les services publics qui s’annoncent. « Tout va être fermé, contrairement à aujourd’hui, pendant trois jours dans l’ensemble du Québec », a déclaré François Enault, premier vice-président de la CSN. « Si le gouvernement ne veut pas de grève de trois jours, c’est le temps de se mettre à la table et négocier pour de vrai, car on commence à être tanné. »

Le front commun syndical a tenu sa première journée de grève lundi, et ils étaient nombreux à braver le froid, notamment devant le CHUM, à Montréal.

« On veut des meilleures conditions et que le gouvernement nous reconnaisse enfin. Il n’y a pas juste les infirmières et les médecins dans les hôpitaux. On veut qu’il soit juste et équitable avec tous les employés également », dit Stéphanie Gravel, technologue en imagerie médicale depuis 16 ans.

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Ils étaient nombreux à braver le froid pour faire entendre leur mécontentement.

Nathalie Brisebois, employée de soutien au CHUM, souhaite également une hausse de salaire et de meilleures conditions de travail. « On a perdu beaucoup depuis quelques années », dit-elle.

Des employés du Collège de Maisonneuve s’étaient quant à eux réunis devant leur établissement, rue Sherbrooke.

« Tout ce qu’on demande, c’est des salaires décents qui suivent au moins l’inflation et qu’on puisse ensuite éduquer nos étudiants dans des conditions décentes », a déclaré Marc Leblanc, professeur de lettres à ce cégep.

« J’ai été travailleuse autonome pendant 25 ans, d’avoir un filet social, c’est important », a abondé Christine Blais, employée de soutien à ce même cégep. « J’ai l’impression que les gens sont derrière nous pour offrir des services de qualité aux Québécois », a-t-elle ajouté.

Rencontré devant l’hôpital Notre-Dame, Carmel Placide Kanza réclame l’amélioration des conditions de travail. « Nous faisons un travail essentiel pour la vie des gens et, à ce titre, le gouvernement doit mettre les [bouchées] doubles afin d’améliorer nos conditions de travail », dit-il.

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Membres du front commun syndical manifestant devant l’hôpital Notre-Dame

Un mandat de grève générale illimitée en poche

La grève de lundi a eu lieu de minuit à 10 h 30 dans les écoles primaires et secondaires et jusqu’à midi dans les cégeps. Bien qu’il reconnaisse que chaque journée de grève représente un casse-tête pour les parents qui doivent garder leurs enfants à la maison, le président de la CSQ, Éric Gingras, rappelle que bien des grévistes sont aussi des parents.

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Éric Gingras, président de la CSQ (au centre)

« On fait le pari que la population voit la détérioration des services publics et se dit qu’il faut donner ce coup de barre là. Quand on a une rentrée scolaire et qu’il manque 10 000 personnes et qu’on ne sait pas si notre enfant va avoir un prof, une éducatrice ou un professionnel, on comprend pourquoi il y aura trois jours de plus », dit M. Gingras.

Dans le réseau de la santé et des services sociaux, les employés font la grève dans une proportion de 20 à 50 % de leur temps de travail, selon leur type d’emploi et les fonctions qu’ils occupent. Les services essentiels sont maintenus.

En octobre, le front commun a annoncé que son mandat de grève avait obtenu un appui « historique » de 95 % de la part de ses membres. Le mandat adopté prévoit le recours ultime à la grève générale illimitée.

Le gouvernement Legault a offert la semaine dernière des augmentations de salaire de 10,3 % sur cinq ans pour les 600 000 employés de l’État, en plus de bonifications représentant 3 % pour certaines catégories de travailleurs et un montant forfaitaire pour tous de 1000 $ la première année.

« Si ces gens-là voulaient faire le plus d’argent possible, ils auraient déjà arrêté de travailler dans les services publics et travailleraient ailleurs », a déclaré le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui était présent au rassemblement. « On a besoin de ces femmes et de ces hommes-là pour faire rouler le Québec », a-t-il ajouté, invitant la population à appuyer les travailleurs.

La nouvelle offre du gouvernement Legault a été jugée « dérisoire » et « insultante » par le front commun syndical, qui demande des augmentations salariales représentant environ 20 % sur trois ans.

Avec Hugo Pilon-Larose et Tommy Chouinard, La Presse