Le recteur de l’Université Concordia, Graham Carr, se dit « choqué, attristé et dégoûté » par l’altercation survenue mercredi entre des étudiants soutenant Israël et d’autres appuyant la Palestine. Plusieurs recteurs appellent au calme.

« J’étais choqué, attristé et dégoûté par ce qui est arrivé hier », a déclaré Graham Carr, dans une rencontre éditoriale avec La Presse jeudi.

« Ce qui est arrivé [mercredi], ça dépassait les limites », a-t-il ajouté.

Trois personnes ont été blessées, dont deux agents de sécurité et un étudiant de 23 ans, dans un affrontement survenu entre des groupes en lien avec le conflit israélo-palestinien. Une femme de 22 ans a été arrêtée et libérée après avoir promis de comparaître à la cour municipale.

Graham Carr explique qu’il n’y avait pas que des étudiants de l’Université Concordia dans la mêlée.

L’Université de Montréal a confirmé qu’un de ses chargés de cours était présent.

Il s’agit de Yanise Arab qui, selon le site de l’Université, donne le cours « Dominations et résistances dans le monde arabe ». Il n’a pas répondu à nos messages, jeudi.

« Les informations que nous avons indiquent que c’est lui. Nous sommes à analyser les images et à évaluer ce qui sera fait pour la suite », nous a écrit Geneviève O’Meara, porte-parole de l’Université de Montréal.

« Beaucoup de monde est venu d’ailleurs »

Le recteur de l’Université Concordia explique que mercredi, « beaucoup de monde est venu d’ailleurs ».

Pour nous, avec un campus en plein centre-ville, un storefront campus comme on le dit en anglais […], quand les gens arrivent avec des objectifs qui ne respectent pas nos valeurs, c’est un enjeu plus grand que pour l’Université.

Graham Carr, recteur de l’Université Concordia

Graham Carr observe que les tensions sont « très élevées sur tous les campus » de la province. « Hier, c’était chez nous. Demain, ça peut être ailleurs », dit M. Carr, qui ajoute que l’Université fera « l’analyse » de la sécurité entourant le campus.

En après-midi, jeudi, quelques centaines de personnes – principalement des étudiants – se sont réunies rue Sherbrooke pour manifester leur appui au peuple palestinien.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Manifestation en soutien au peuple palestinien, au centre-ville de Montréal, jeudi

Plusieurs dénonçaient l’attitude de l’Université Concordia et accusaient les étudiants pro-Israël d’avoir « provoqué » l’escalade de violence, la veille, en installant des affiches près d’un kiosque où des étudiants pro-Palestine faisaient une collecte de fonds.

Mercredi, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a affirmé que des manifestants se sont opposés à un groupe d’étudiants juifs qui avaient disposé sur une table des affiches d’Israéliens pris en otage par le Hamas le 7 octobre. Des manifestants auraient utilisé un terme offensant pour désigner les juifs, selon le CIJA.

Des climats « tendus » dans les universités

Jeudi, le recteur de l’Université du Québec à Montréal a fait parvenir un message à la communauté universitaire.

« Depuis quelques jours, des tracts haineux circulent entre nos murs en lien avec la situation au Proche-Orient. Certains ciblent des membres de notre corps professoral et me ciblent aussi. La haine, l’antisémitisme et le racisme, sous quelque forme que ce soit, sont inacceptables et n’ont aucune place à l’Université », a écrit Stéphane Pallage.

La force de notre université, celle qui a fait avancer le Québec depuis 1969, repose sur le débat, jamais sur l’intimidation ou la violence.

Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Québec à Montréal, dans un message à la communauté universitaire

À l’Université McGill, on observe aussi que la situation est « très tendue » sur le campus.

Il y a une « augmentation d’actes antisémites et islamophobes à Montréal, mais aussi dans la communauté », dit Fabrice Labeau, premier vice-principal adjoint aux études et à la vie étudiante de l’Université McGill.

L’Université a demandé aux étudiants et aux professeurs de « faire preuve de compassion et de compréhension » à l’égard de ceux qui préféreraient ne pas se présenter à l’université, jeudi.