(Montréal) Dix jours avant le début d’une éventuelle grève générale illimitée, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a manifesté lundi matin devant le bureau du premier ministre François Legault à Montréal.

Une cinquantaine de membres de la FAE se sont rassemblés au centre-ville de la métropole pour, disent-ils, rappeler au premier ministre sa promesse de faire de l’éducation une réelle priorité.

Dans un communiqué, la FAE souligne d’ailleurs le « rôle-clé » que pourrait jouer le premier ministre dans le « dénouement des négociations ».

En mêlée de presse lors de l’évènement, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, a indiqué que l’organisation syndicale voulait rappeler qu’il restait seulement dix jours avant d’en venir à une entente satisfaisante.

« Le sprint est amorcé, a-t-elle réitéré en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. On demande au premier ministre Legault de se comporter comme un grand chef d’État et d’honorer sa promesse en campagne électorale. […] On lui demande de mettre tous les efforts nécessaires pour que ça débloque pour en arriver à une entente satisfaisante. »

Les membres de la FAE réclament des augmentations salariales annuelles de 4 % ou qui suivent le rythme de l’inflation, a ajouté Mme Hubert. « M. Legault aime beaucoup comparer le Québec à l’Ontario, mais nous, on n’en demande même pas autant, on veut simplement rejoindre la moyenne canadienne », a fait valoir la syndicaliste.

Un resserrement des échelons salariaux – de 13 à 10 – est aussi demandé, de même qu’une plus grande flexibilité dans le télétravail lors de journées pédagogiques.

« Les profs réclament une meilleure conciliation travail-famille, a déclaré Mme Hubert. Beaucoup de gens ont accès au télétravail, mais pour nous, c’est plus difficile. »

La présidente souhaite qu’une « volonté politique » se manifeste pour régler la question, notamment de permettre aux professeurs d’effectuer leur planification et leur correction au lieu et au moment qui leur convient.

Meilleure offre de services

Toutefois, précise Mélanie Hubert, le « cœur » des négociations réside dans une offre de services suffisante pour répondre aux besoins constatés dans les écoles.

« On veut que la composition de la classe soit plus équilibrée, aussi bien pour les enseignantes et les enseignants que pour les élèves, pour que les services soient assurés aux enfants à grands besoins », a-t-elle indiqué.

La FAE demande entre autres la mise en place de classes d’accueil pour les élèves immigrants, jugeant que l’immersion n’est pas suffisante pour optimiser leur intégration.

« Enseigner le français langue seconde, c’est une profession en soi, fait remarquer Mme Hubert. C’est une formation universitaire différente et des programmes adaptés. »

« On réclame que les centres de services scolaires mettent en place des protocoles d’accueil qui incluent ces classes, alors que ce n’est pas le cas présentement », a-t-elle ajouté.

Grève générale illimitée

Sans entente, les 65 000 enseignants du primaire et du secondaire membres de la FAE déclencheront leur grève générale illimitée à compter du 23 novembre.

La FAE, contrairement au front commun intersyndical et à la FIQ, déclenchera d’emblée une grève générale illimitée, et non une ou des journées de grève au préalable, comme c’est le cas pour les deux autres.

La FAE est un regroupement indépendant qui, par l’intermédiaire de ses neuf syndicats, représente quelque 65 000 enseignants des niveaux primaire et secondaire.

Les neuf syndicats de la FAE sont l’Alliance des professeurs de Montréal, le Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal, le Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’île, le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval, le Syndicat de l’enseignement des Basses-Laurentides, le Syndicat de l’enseignement des Seigneuries, le Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais, le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska et le Syndicat de l’enseignement de la région de Québec.