La crise informatique à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) aura finalement coûté plus de 40 millions, en grande partie pour embaucher des ressources additionnelles. L’organisme ouvrira d’ici février 2024 un sixième centre de service à Montréal afin de doubler le nombre de rendez-vous offerts dans la région.

« On parle d’une quarantaine de millions pour le coût de la crise, avec l’embauche d’environ 400 personnes sur une année complète, ainsi que du temps supplémentaire et d’autres dépenses », a expliqué mardi le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, en réponse aux questions de La Presse. C’est lui qui avait pris la relève de Denis Marsolais en avril dernier.

Essentiellement, l’embauche de 465 personnes a coûté 28 millions aux contribuables. Les heures supplémentaires, elles, pèsent pour environ 6 millions, tandis qu’une somme de 2,9 millions a été dépensée pour ajouter des agents de sécurité.

Une dépense de 4,4 millions a aussi été autorisée pour la communication, les licences et d’autres frais, pour un total très exact de 41,3 millions. M. Ducharme affirme qu’au-delà du plan financier, plusieurs leçons ont été tirées, dont le fait de « mieux prévoir les mesures d’atténuation » en cas de transition.

Pour la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ces dépenses demeurent somme toute entièrement justifiées dans un contexte de crise numérique. Au plus fort de celle-ci, les temps d’attente surpassaient les deux heures dans plusieurs points de service, où les files d’attente s’allongeaient en raison de la transition vers le système informatique SAAQclic, qui a connu des difficultés techniques.

Il fallait trouver des façons d’avoir un meilleur service, et une façon était d’avoir plus d’heures d’ouverture, plus d’employés. Il y avait un coût pour ça. Si j’avais à le refaire, on ferait pareil.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

« Moi, je considère que c’était correct. On n’aurait pas pu se priver de ces dépenses-là et dire : on reste dans les heures standards », a insisté Mme Guilbault.

Il s’agit d’une dépense beaucoup plus élevée que ce qui avait été avancé en mai dernier, lors des études de crédits budgétaires du ministère des Transports. À ce moment, on avait soutenu que le fiasco de la SAAQ avait coûté 2,6 millions en heures supplémentaires.

Dans l’opposition, on n’a d’ailleurs pas tardé à réagir : « 41 millions de fonds publics ont été gaspillés pour tenter de corriger une planification complètement bâclée par la CAQ. Des sommes qui auraient pu être évitées si le gouvernement avait écouté les avertissements. […] C’est complètement inacceptable », a martelé la critique libérale en cybersécurité, Michelle Setlakwe.

« Est-ce que la ministre peut nous assurer que son gouvernement a appris de ses erreurs et qu’elle fera un bilan du fiasco de la SAAQ pour éviter que ça se reproduise ? Mme Guilbault est ministre des Transports, elle doit être imputable », a de son côté jugé le critique solidaire en transport, Etienne Grandmont.

« Voici le coût de la nonchalance et de l’inaction de deux ministres. […] Les grands responsables de cette déconfiture, quoi qu’ils en disent », a enfin fait valoir le critique péquiste en transport, Joël Arseneau.

Sixième centre pour Montréal

Mme Guilbault était de passage à Montréal, mardi, pour annoncer l’ouverture d’un sixième centre de service de la SAAQ, qui verra le jour d’ici février 2024 à la Place Versailles, dans l’est de Montréal, afin de doubler le nombre de rendez-vous offerts dans la région. Ceux-ci passeront en effet de 1390 à 2515 sur une base quotidienne, soit une hausse de 80 %.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Guilbault

Ledit centre verra le jour à la Place Versailles, dans l’est de Montréal, au début février en 2024. Il deviendra la sixième succursale de service de la Société de l’assurance automobile du Québec dans la région de Montréal.

En moyenne, le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous est de 27 minutes dans le Grand Montréal, contre 19 minutes pour le reste du Québec. Pour les questions liées à l’immatriculation, seulement 67 % des Montréalais peuvent jusqu’ici obtenir un rendez-vous en deçà de 30 minutes, contre 97 % au Québec.

Québec a aussi annoncé mardi un nouveau congé de paiement pour tous les titulaires d’un permis de conduire permanent, probatoire ou restreint des classes 5 et 6. C’est la troisième année consécutive où la SAAQ utilise son excédent lié à la réduction du nombre de collisions durant la pandémie.

Le coût du permis sera pour la plupart des Québécois de 25,50 $ en 2024, une économie d’environ 100 $ pour les classes 5 et 6. Québec estime qu’environ 600 millions de dollars seront remis aux contribuables.