À la veille d’une semaine marquée par trois grèves différentes des travailleuses du secteur public, le débat entre Québec et les syndicats s’est poursuivi sur la place publique, dimanche, sans entente en vue.

Dans une vidéo publiée sur X, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a appelé dimanche les syndicats à plus de flexibilité, ceux-ci rétorquant que le gouvernement « ne veut pas discuter » de leurs propositions pour améliorer les conditions de travail.

La semaine s’annonce chargée pour bien des parents dont les enfants resteront à la maison en raison des grèves dans les écoles publiques du Québec. Mais le milieu de l’éducation n’est pas le seul touché. De mardi à jeudi notamment, les 420 000 travailleurs du milieu public représentés par les syndicats du Front commun seront en grève.

Aucune entente entre le gouvernement et les syndicats n’avait été conclue en fin de journée dimanche. D’autres journées de négociation ont été ajoutées au calendrier cette semaine, ce qui signifie que des comités de négociation pourront discuter pendant les grèves.

Dans une vidéo publiée sur X dimanche, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a appelé les syndicats à « plus de flexibilité ». Une sortie qui a piqué au vif les syndicats concernés, qui n’ont pas tardé à répliquer en ligne.

Une offre « historique »

Sonia LeBel a d’abord rappelé que Québec avait déjà déposé quatre offres, la plus récente se chiffrant à 8 milliards de dollars. « Et je n’ai pas de contre-offre, on ne m’offre rien en retour », a-t-elle déploré. Elle a aussi souligné que son gouvernement avait consenti à des « hausses de salaire historiques ».

Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), les propositions du gouvernement du Québec sont « méprisantes pour les professionnelles en soins et irresponsables pour la sécurité des soins », a publié la FIQ sur X.

« Madame LeBel, ce n’est pas le nombre d’offres qui compte, mais ce qu’elles contiennent, a rétorqué le syndicat. Il y a des limites ! »

La branche représentant Montréal, Laval et la Montérégie du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec a de son côté souligné que les 8 milliards de dollars offerts par le gouvernement étaient étalés sur cinq ans et répartis entre plus de 760 000 employés.

« Ce qui représente pour certains une hausse d’un peu plus de 35 $ par semaine sur leur chèque de paie, précise le syndicat. Tout est relatif. »

L’importance des conditions de travail

Dans sa vidéo, la ministre Sonia LeBel insiste aussi sur l’amélioration des conditions de travail des employés de l’État et des services à la population.

« Si on ne fait que donner des augmentations de salaire, le quotidien de l’enseignant qui trouve sa classe trop difficile ne sera pas changé, illustre-t-elle. Celui de l’infirmière qui doit faire du temps supplémentaire obligatoire à la dernière minute et qui doit réorganiser sa famille et sa vie ne sera pas changé. »

À son sens, les négociations en cours sont une chance d’améliorer les choses. « On ne peut pas rater notre coup, il faut saisir l’opportunité », martèle-t-elle.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a tenu à rectifier des faits avancés par Mme LeBel. « De nouveaux dépôts syndicaux ont été faits à toutes les tables sectorielles pour parler des conditions de travail justement. Mais le [gouvernement] ne veut même pas en discuter… », a-t-elle affirmé sur X.

« Des propositions, des signaux, on en a donné beaucoup à la table. C’est pas parce qu’on ne l’a pas étalé sur les médias sociaux que ça n’a pas été fait », a aussi renchéri la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

L’Alliance des professeures et professeurs de Montréal a elle aussi répliqué à la vidéo de Mme LeBel en indiquant que ses « demandes ont été déposées en octobre 2022 » et, depuis, maintes fois détaillées. Au-delà des augmentations salariales, les conditions en classe devront être revues pour attirer et retenir des enseignants, reconnaît cependant ce syndicat.

Des milliers de travailleuses en grève

Le Front commun intersyndical, qui est composé de la CSN, de l’APTS, de la CSQ et de la FTQ, et qui représente 420 000 membres, lancera le bal cette semaine avec son débrayage qui aura lieu les 21, 22 et 23 novembre. Cette grève touchera les établissements de santé, de services sociaux, scolaires et collégiaux. Notamment, toutes les écoles publiques du Québec seront fermées, du primaire au collégial.

Puis la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui compte 80 000 infirmières et autres professionnelles en soins, débraiera à son tour les 23 et 24 novembre.

À compter du jeudi 23 novembre, ce sont les 66 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui amorceront une grève générale illimitée. Celle-ci touchera les écoles publiques de certains centres de services scolaires de Montréal, de Québec, de l’Estrie, de la Montérégie et de l’Outaouais.

Avec La Presse Canadienne