La ligne Rebâtir – une mesure phare du gouvernement Legault pour mieux accompagner les victimes de violence sexuelle ou conjugale – connaît un vif succès : jusqu’à 150 personnes consultent certains jours le service juridique téléphonique lancé il y a deux ans.

La fréquentation est telle qu’en raison d’un « volume exceptionnel d’appels » reçus, des victimes sont tombées ces derniers jours sur une boîte vocale plutôt que sur un avocat de l’aide juridique censé les conseiller. « Malheureusement, toutes nos lignes en attente sont comblées pour la journée », indiquait la semaine dernière un message vocal leur enjoignant de rappeler le « prochain jour ouvrable ».

Mercredi dernier, La Presse s’est heurtée à ce message vocal en après-midi. Toutefois, lors d’essais en matinée, nous avons pu obtenir la ligne sans problème.

Au moment de l’annonce de cette mesure, en septembre 2021, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, promettait que toutes les victimes de violence sexuelle ou conjugale pourraient désormais avoir recours à un service de consultation juridique gratuit de quatre heures.

Un volume « exceptionnel » correspond à 150 appels dans une même journée, selon la Commission des services juridiques. « Le volume d’appels est toujours variable, mais nous constatons des pointes plus élevées environ quatre fois par mois », indique à La Presse sa vice-présidente, MNadine Koussa.

Assurant que la Commission est « sensible à cette réalité », MKoussa dit que l’organisation « tente d’adapter son service afin de répondre au mieux à la demande ».

Chapeauté par la Commission des services juridiques, le service Rebâtir est issu des recommandations du rapport Rebâtir la confiance déposé en décembre 2020 par le comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Le service peut être joint par téléphone au 1 833 REBATIR ou par courriel.

Écrivez au courriel du service Rebâtir

Plus d’avocats

Au cabinet du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, on dit « comprendre la frustration d’une personne victime qui ne parviendrait pas à joindre quelqu’un dès un premier appel ». On indique que l’équipe d’avocats du service Rebâtir « est progressivement passée de 11 à 18 avocats afin de répondre à la demande ». « De ce nombre, 14 se consacrent quotidiennement à la ligne téléphonique et au volet consultation. Sept prennent les appels pendant que sept donnent des consultations. Les quatre autres avocats offrent un service de représentation à la cour et peuvent prêter main-forte à la ligne téléphonique lorsqu’ils sont disponibles », indique le cabinet.

La Commission des services juridiques indique que le délai de réponse varie selon plusieurs facteurs, soit le domaine de droit demandé par la victime, la durée des appels en cours (un appel moyen dure entre une heure et une heure et demie avec une victime) et leur degré d’urgence.

Les évènements en lien avec les violences faites aux femmes rapportés dans l’actualité ainsi que la promotion et les campagnes de sensibilisation faites par l’équipe Rebâtir expliquent en partie l’augmentation du volume d’appels, selon la Commission.

Les partenaires de Rebâtir, dont les maisons d’hébergement, les CAVAC et les corps de police, entre autres, dirigent de plus en plus de victimes à ses services juridiques, explique MKoussa. « L’expertise et l’approche holistique et multidisciplinaire de notre équipe sont appréciées de tous nos partenaires », ajoute-t-elle.

La ligne Rebâtir n’est pas un service d’urgence, mais bien un service de consultation, rappelle MKoussa. Toute victime qui souhaite faire une dénonciation, porter plainte ou qui se trouverait en situation de danger est invitée à communiquer avec le 911 ou SOS Violence conjugale (qui sont des services 24 heures sur 24, 7 jours sur 7), précise la Commission des services juridiques.

Aux victimes qui tombent sur une boîte vocale, MKoussa précise qu’une équipe de personnel de soutien est disponible pour coordonner les opérations de la ligne. « Dans tous les cas considérés comme urgents, un avocat sera libéré pour parler rapidement à la victime, assure-t-elle. Dans les autres cas, un rendez-vous sera donné à la victime pour une consultation virtuelle avec un ou des avocats spécialistes dans le ou les domaines de droit visés (ex. : jeunesse, logement, immigration, familial, criminel, IVAC). »

En savoir plus
  • 10 300
    Nombre de personnes victimes de violence sexuelle ou conjugale qui ont pu bénéficier du soutien des avocats de la ligne Rebâtir
    Source : Cabinet du ministre de la Justice
    40 947
    Nombre d’heures de consultation juridique gratuite offertes par les avocats de la ligne Rebâtir depuis son lancement
    Source : Cabinet du ministre de la Justice