Six mois après le déclenchement de l’enquête générale sur les allégations de crimes sexuels survenues dans le réseau scolaire, des victimes et leurs proches attendent toujours un retour du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. La possibilité de faire des changements législatifs est « toujours sur la table », assure de son côté le cabinet du ministre.

« Depuis que le ministre Drainville s’est dit inquiet par rapport aux violences sexuelles dans une conférence de presse, rien n’a été fait. Nous sommes toujours en attente », a déclaré Theryanne, élève au cégep et membre du collectif jeunesse La voix des jeunes compte, lors d’une conférence de presse, dimanche.

Des victimes, des parents et des membres du personnel scolaire réclament depuis plusieurs années une loi-cadre pour prévenir les violences sexuelles dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire et lutter contre celles-ci.

« Vous devez savoir que la majorité de mes amies ont été victimes de violences sexuelles et n’ont jamais été soutenues et écoutées. On leur a dit d’attendre, qu’il y avait une liste d’attente », a ajouté Theryanne en s’adressant au ministre Drainville. « Comment voulez-vous qu’on fasse confiance à nos institutions si personne n’entend nos voix et ne nous protège ? »

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Des membres du collectif La voix des jeunes compte

« Plusieurs constats préoccupants »

En mars, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé le déclenchement d’une « enquête générale » sur les multiples allégations de crimes sexuels survenues dans le réseau scolaire au courant des derniers mois.

Le rapport, rendu public en septembre, a permis de mettre en lumière des « constats troublants » sur les processus de traitement des plaintes, la gestion administrative des comportements problématiques et les processus d’embauche des centres de services scolaires concernés.

« Le rapport d’enquête fait plusieurs constats préoccupants, et j’ai la ferme intention d’y répondre », avait alors déclaré le ministre Drainville. Il avait annoncé vouloir mettre en place plusieurs recommandations, dont améliorer le partage de données entre les employeurs et améliorer le processus de traitement des plaintes et l’encadrement du personnel traitant les plaintes.

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Des victimes, des parents et des membres du personnel scolaire réclament depuis plusieurs années une loi-cadre pour prévenir les violences sexuelles dans les établissements scolaires et lutter contre celles-ci.

On ne comprend pas comment le ministre Drainville a été surpris des situations énoncées dans le rapport quand tout ce qui s’y trouve, on le nomme depuis déjà les six dernières années.

Kenza, membre du collectif La voix des jeunes compte

Le collectif dénonce le manque d’action du ministre Drainville à la suite de la parution du rapport. « Déclenchez des enquêtes pour ne rien faire ensuite, c’est gaspiller l’argent des fonds publics en plus de contribuer activement à mettre en danger la vie des jeunes », a ajouté Kenza.

Du côté du cabinet du ministre Drainville, on affirme qu’il est « faux de dire que le ministre reste les bras croisés ».

« Nous nous sommes engagés à donner suite aux recommandations du rapport et nous le ferons », a assuré par courriel Florence Plourde, directrice des communications du cabinet du ministre de l’Éducation. « La sécurité des élèves, c’est qui compte le plus, poursuit-elle. Lorsque le ministre a dévoilé le rapport d’enquête, comme il s’était engagé à le faire, il a affirmé qu’il n’excluait pas de procéder à des changements législatifs. Cette option est toujours sur la table. »

« Une urgence d’agir »

La députée libérale Marwah Rizqy, présente à la conférence de presse, a réitéré l’importance d’obtenir une loi-cadre, comme il en existe déjà dans les cégeps et les universités. « Ils ont reçu le rapport sur les violences sexuelles dans les écoles en juillet. Il me semble qu’on est capable de légiférer plus promptement, plus rapidement. Il y a une nécessité et une urgence d’agir », a-t-elle déclaré.

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La députée libérale Marwah Rizqy

« On a un réel problème dans notre réseau scolaire, primaire et secondaire. Il y a des failles qui font en sorte qu’il y a encore trop de victimes », a déclaré l’ancienne députée du Parti québécois Méganne Perry Mélançon. « On a un gros chantier devant nous et ça prend des moyens. On ne sent pas que les moyens ont encore été déployés. On fait toujours miroiter des changements législatifs et on les attend encore. »

« On demande cette loi-cadre chaque fois qu’on en a l’occasion et on ne cessera pas de le faire jusqu’à ce qu’elle soit enfin effective. Nos enfants ont besoin d’être protégés et d’être dans un environnement sécuritaire », a déclaré la présidente de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Mélanie Laviolette.