Un quatrième suspect a été arrêté en lien avec la mort de Daniel Langlois et de Dominique Marchand en Dominique, ont annoncé lundi les autorités locales.

Le gouvernement de ce petit État insulaire des Caraïbes a juré de faire tout en son pouvoir pour mettre les responsables du meurtre des deux Québécois derrière les barreaux.

« Il y a quatre personnes d’intérêt, trois étrangers et un ressortissant dominiquais, en détention policière », a affirmé le ministre de la Sécurité nationale de la Dominique, Rayburn Blackmoore, dans une déclaration à la radio nationale. « Ce type de crime terrible et brutal ne peut être ignoré et nous ne pouvons pas permettre à ses responsables de s’en tirer sans conséquence. » Le chef de police local s’occupe lui-même de l’enquête.

Joint par La Presse, M. Blackmoore a refusé de donner davantage d’informations, sinon pour souligner que ses équipes comptaient tenir des conférences de presse plus tard cette semaine, au fil de l’évolution de l’enquête.

« Le gouvernement fournira aux enquêteurs tout ce dont ils ont besoin pour élucider ce crime », a ajouté M. Blackmoore dans sa déclaration à la radio nationale. Il a assuré avoir rapidement informé le haut-commissaire du Canada en poste à la Barbade et lui avoir transmis une demande d’assistance.

Un crime comme celui-ci affecte non seulement nos relations internationales, mais a aussi choqué toute l’île.

Rayburn Blackmoore, ministre de la Sécurité nationale de la Dominique

Charlotte MacLeod, porte-parole d’Affaires mondiales Canada, a déclaré lundi que le Canada collaborait avec les autorités locales dans ce dossier. Elle a toutefois refusé de dire si une assistance serait fournie afin d’aider l’enquête criminelle, comme l’a demandé publiquement le gouvernement dominiquais.

« Pour des raisons de confidentialité, aucune autre information ne peut être divulguée », a déclaré Mme MacLeod.

Un conflit de voisinage au cœur de l’enquête

La Presse a révélé lundi que l’homme d’affaires américain Jonathan Lehrer, voisin et rival de Daniel Langlois, est sous les verrous. La conjointe de M. Lehrer et un individu décrit comme un tueur à gages le sont aussi.

Selon la théorie de la police de la Dominique, le couple québécois aurait été abattu dans la foulée d’un conflit de voisinage.

Une route d’accès au domaine de villégiature des Québécois, ouvert en 2022, passe par un terrain appartenant à M. Lehrer, 57 ans. Ce dernier était mécontent de voir vacanciers et employés passer par sa propriété.

Au point où, pendant la construction du complexe, M. Lehrer aurait fait bloquer la route, déclenchant la colère des résidants locaux. « Nous avons besoin de retrouver notre route ! ! ! », réclamait une pancarte utilisée lors d’une manifestation contre le blocage, en 2018, couverte par le média local Dominica News Online.

Sur le site de tourisme Tripadvisor, plusieurs voyageurs racontaient avoir été chassés avec rudesse lorsqu’ils s’étaient retrouvés sur les terres de M. Lehrer par inadvertance.

Le fondateur de Softimage et Mme Marchand, sa conjointe de longue date, ont été retrouvés morts dans les restes calcinés de leur automobile en bordure d’une route de cette petite île des Caraïbes, le vendredi 1er décembre. Leurs corps n’ont pas pu être identifiés immédiatement, mais samedi, les familles ont été avisées de leur mort violente.

Selon l’hypothèse de la police à ce stade-ci de l’enquête, le couple Langlois-Marchand aurait été arrêté sur une route de l’île par une embuscade du tueur. Les deux auraient été tués par balle sur-le-champ. Leur voiture aurait ensuite été poussée en bas du chemin et incendiée. L’assassin aurait été lui-même brûlé accidentellement à ce moment et arrêté peu de temps après.

Avec Vincent Larouche et Alice Girard-Bossé, La Presse