(Québec) Le gouvernement du Québec attend de voir si les travaux effectués au pied de la digue Morier, qui menace de céder, font effet avant de donner un « nouvel échéancier » aux 1900 évacués des Hautes-Laurentides.

« Le seul engagement qu’on peut prendre est de ne pas retenir l’information. Lorsqu’on aura la certitude de sécurité, c’est là où on pourra penser lever la demande express d’évacuation. […] Le plus tôt possible qu’on sera en mesure de donner un nouvel échéancier, on le fera sans tarder », a affirmé le ministre de l’Environnement Benoit Charette au cours d’un point de presse lundi à Mont-Laurier.

« Notre seule préoccupation est la réoccupation c’est la sécurité du public et des biens. On ne peut pas s’engager tant qu’on n’a pas de réponses à nos questions. […] Le plus rapidement possible, on va vous revenir pour une date probable et possible de retour à la maison », a-t-il ajouté.

Il a martelé que ce sont les processus de sécurité mis en place au gouvernement qui ont permis de détecter les anomalies avant que le pire ne se produise. « Ce n’est pas un ouvrage qui manque de surveillance, et ce n’est pas un ouvrage qui manque d’entretien », a dit M. Charette.

Travaux de drainage

L’ingénieur à la direction générale des barrages du ministère de l’Environnement, Martin Ferland, a souligné que le niveau d’eau du réservoir Kiamika continue de baisser, et que des travaux de drainages sont en cours en aval de la digue pour « abaisser la nappe phréatique ». À terme, il veut stopper le « mécanisme d’érosion interne », qui menace la structure de ce mur de terre de 700 mètres de long et 16 mètres de hauteur, à son point le plus bas, dans l’ancien lit de la rivière.

Une digue en bon état, a rappelé M. Ferland, est composée d’un centre imperméable composé de matériaux concassés très fins et compactés. Or le 24 novembre, le ministère de l’Environnement, propriétaire de la digue Morier, a constaté que de l’eau s’est accumulée de manière anormale au pied de l’ouvrage. Une inspection rapide a permis de déterminer qu’il y avait de l’infiltration d’eau, et qu’il y avait de l’érosion interne. Il s’agit d’un signe avant-coureur d’une possible rupture.

Le 3 décembre, la sécurité civile a exigé l’évacuation des municipalités de Lac-des-Écorces et de Chute-Saint-Philippe. Le 6 décembre, le ministère de l’Environnement a indiqué que ces évacués devront patienter au moins jusqu’au 17 décembre prochain avant de savoir s’ils pourront réintégrer leurs demeures à temps pour Noël.

Cette date a été donnée naturellement pour que les gens puissent avoir un petit peu de prévisibilité. Pour la suite des choses, on s’engage à être tout aussi transparent. À partir du moment où on sait quelle sera la suite, on va vous informer.

Benoit Charette

Toujours des risques de rupture

Pour le moment, les travaux de drainage et l’abaissement du niveau d’eau du réservoir Kiamika n’ont pas encore eu d’effet sur l’infiltration d’eau dans la digue.

La jauge des piézomètres, des trous de forages creusés dans la digue qui permettent de connaître les niveaux d’eau, n’a pas bougé et est toujours en dehors de la norme sécuritaire. En fait, les risques de rupture de la digue « sont les mêmes » que la semaine dernière, a précisé l’ingénieur Ferland. « C’est pour ça qu’on demeure avec les mêmes recommandations », a-t-il dit.

Pendant ce temps, les commerces des deux villes cris famines alors qu’ils se remettent à peine de la pandémie, a rapporté L’Info de la Lièvre, le journal local qui couvre les municipalités touchées. Le ministre Charette a souligné que ces « inquiétudes » seraient transmises au ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.