La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) fait volte-face et continuera de verser des prestations aux enseignantes enceintes qui en étaient privées en raison de la grève dans le secteur public.

En soirée, vendredi, la CNESST a indiqué qu’elle modifierait ses façons de faire de manière temporaire pour permettre aux enseignantes retirées de leurs milieux de travail de façon préventive de toucher leurs prestations.

« Devant la situation exceptionnelle et ne voulant pas s’immiscer directement ou indirectement dans les négociations, la CNESST va appliquer un allègement administratif », a indiqué son porte-parole, Antoine Leclerc-Loiselle.

Les enseignantes à qui l’on avait demandé de rembourser les prestations qu’elles avaient reçues pour certaines périodes « seront recontactées rapidement afin d’annuler la décision dans ces dossiers », ajoute-t-il.

La Presse avait rapporté vendredi le cas d’une enseignante, Jenyfer Hervieux, qui s’apprête à accoucher de son premier enfant. Comme elle travaille auprès d’élèves atteints d’un trouble du spectre de l’autisme avec déficience intellectuelle, elle n’a pu entamer l’année scolaire 2023-2024.

Or, elle a reçu au début du mois une lettre de la CNESST lui enjoignant de rembourser les versements qui ont été faits dans la semaine du 23 au 30 novembre, soit 921,36 $.

Il s’agit de la première semaine de grève de la Fédération autonome de l’enseignement, dont les 66 500 membres sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre et sans revenus.

Être exposée au danger

C’est que pour bénéficier du programme Pour une maternité sans danger, les enseignantes doivent « remplir certaines conditions d’admissibilité, dont être en présence de dangers attestés dans le Certificat médical visant l’affectation ou le retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite », avait alors expliqué la CNESST.

En conséquence, le versement de ces indemnités « peut être suspendu temporairement si pendant une période de plus de 7 jours consécutifs, la travailleuse n’est plus exposée au danger identifié au Certificat médical », précisait-on.

Une grève ou un lock-out font partie des raisons pour lesquelles les indemnités peuvent cesser d’être versées, tout comme la période estivale, quand les écoles sont fermées.

Vendredi soir, la CNESST a indiqué être « sensible au questionnement » entourant l’application de ce programme dans le contexte actuel des grèves dans le secteur public. Des modifications seront apportées sur son site internet.

Plusieurs dizaines d’enseignantes enceintes devraient bénéficier de ce changement de position de la CNESST bien qu’il soit difficile d’estimer le nombre exact d’entre elles qui touchent ces prestations ou qui se sont fait demander de les rembourser.

Avec Marie-Eve Morasse, La Presse