L’ambiance bon enfant de cette 21guignolée de la Fondation DJulien, samedi, tranchait avec les propos de son fondateur inquiet au terme d’une troisième semaine de grève des enseignants à Montréal qu’il qualifie de « dramatique » pour les enfants.

Sur le terrain de basketball du parc Ovila-Pelletier, dans l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve, transformé en terrain de hockey-bottines pour l’occasion, une vingtaine de jeunes se disputent la balle.

La partie se déroule sous les encouragements de dizaines de parents, massés autour, chocolat chaud et café à la main : l’une des nombreuses activités organisées à proximité de l’un des 46 points de cueillette répartis à travers la province.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le Dr Gilles Julien

En marge de la partie, tandis que la chorale se prépare, le DGilles Julien brosse toutefois un portrait sombre de la situation pour de nombreux enfants vulnérables dont les centres de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) affiliés à sa fondation prennent soin.

« La pandémie est rentrée dans tout le monde, même les adultes, et là, on se retrouve avec une grève scolaire qui est dramatique pour beaucoup de ces enfants qui ont manqué de ressources, de plein d’affaires, et qui n’ont pas encore réussi à se sortir de ça », déplore-t-il.

On ramène un autre signal de la société qu’ils ne sont peut-être pas aussi importants que ça.

Gilles Julien, fondateur et porte-parole de la Fondation DJulien

L’école, un service essentiel

D’ailleurs, le DGilles Julien s’explique mal que l’école ne soit pas considérée comme un service essentiel, ce qui obligerait les centres de services scolaires à les garder ouvertes, au moins partiellement. « Tu ne fermes pas l’école, tu gardes quelques personnes significatives, au gymnase, à la bibliothèque, une couple de professeurs qui distribuent les livres aux enfants », suggère-t-il.

Le médecin s’inquiète également de la sécurité de certains enfants laissés à eux-mêmes à la maison par manque de ressources ou de contacts de leurs parents. « Il y en a qui me disent qu’ils passent 12 heures par jour devant les écrans. On s’en va où ? », soupire-t-il.

Et le DGilles Julien en sait quelque chose, alors que la vaste collecte annuelle de la fondation à son nom permet aux CPSC qui y sont affiliés de recueillir des fonds afin de financer leurs missions : venir en aide aux enfants vulnérables.

« La pédiatrie sociale, c’est recueillir les enfants qui échappent au système et vivent dans des milieux toxiques ou de grandes vulnérabilités, et miser sur notre lien avec cet enfant pour développer ses enfants, l’encourager à aller à l’école, ne pas consommer », explique le DJulien.

Des besoins en croissance

Les soins dispensés par ces centres incluent des suivis médicaux, juridiques, psychosociaux, psychoéducatifs et éducatifs ainsi que des thérapies innovantes (art-thérapie, ergothérapie et musicothérapie) et des services spécialisés (orthophonie, psychologie, pédopsychiatrie et neuropsychologie).

Or, les besoins vont croissant, affirme-t-il, et ce, « avec des ressources qui sont de moins en moins là ». Le DJulien cite notamment le secteur de la santé mentale, qui est particulièrement dépourvu.

Par exemple, des jeunes qui sont envoyés en consultation dans certains hôpitaux par des CPSC pour des tentatives de suicide leur sont retournés faute de ressources pour les prendre en charge, révèle-t-il.

« On se retrouve à compenser, en quelque sorte, ce qu’on ne voudrait pas faire. On voudrait qu’ils viennent nous voir puis qu’on les retourne dans le système, mais il n’y a tellement pas d’accessibilité », déplore-t-il.

La Fondation DJulien indique venir en aide à près de 12 000 enfants défavorisés à travers le Québec chaque année.