Le Conseil de presse du Québec a retenu 3 des 11 griefs déposés contre La Presse et la station radiophonique 98,5 FM pour une enquête conjointe qui revisitait l’affaire Julien Lacroix dans la foulée du mouvement #metoo. La Presse contestera la décision auprès de la Commission d’appel du Conseil de presse.

« Nous demeurons convaincus que le reportage de La Presse était d’un intérêt public incontestable, et que la démarche journalistique était rigoureuse et respectait les règles de l’art. Il constitue un exemple du type de journalisme courageux suscitant une profonde réflexion sociale qui s’inscrit au cœur de la mission de La Presse », a déclaré François Cardinal, vice-président Information et éditeur adjoint de La Presse.

« Nous nous réjouissons en ce sens que le Conseil de presse ait rejeté la majorité des onze griefs déposés. Si c’était à refaire, nous referions les choses à l’identique. », a-t-il ajouté.

Le reportage de La Presse intitulé « L’affaire Julien Lacroix, deux ans plus tard – Des cicatrices et des regrets » et l’émission balado en quatre épisodes du 98,5 FM L’affaire Julien Lacroix, deux ans plus tard ont été publiés le 16 novembre 2022.

L’article et la balado présentaient les témoignages de certaines des femmes qui avaient dénoncé les agissements de l’humoriste Julien Lacroix dans un article publié dans le quotidien Le Devoir en 2020. L’une des deux plaignantes est la journaliste Améli Pineda, qui avait mené cette enquête.

« Mal fondés »

Dans une décision rendue publique jeudi, le Conseil de presse retient un grief d’« informations incomplètes » pour avoir omis d’exposer toutes les raisons pour lesquelles Le Devoir avait refusé d’accorder une entrevue aux journalistes Isabelle Hachey et Marie-Ève Tremblay.

Le Conseil de presse a aussi retenu un grief de « manque d’équilibre » pour ne pas avoir « présenté une juste pondération de la perspective du Devoir dans cette affaire ».

Le Conseil de presse a blâmé les journalistes Isabelle Hachey et Marie-Ève Tremblay, ainsi que La Presse et le 98,5 FM, à ces égards.

Le Conseil de presse a aussi retenu un grief d’« apparence de conflit d’intérêts » contre La Presse, le 98,5 FM et la journaliste Marie-Ève Tremblay. Durant plusieurs années, cette dernière a attribué des mentions « J’aime » sur les réseaux sociaux à des statuts de la conjointe de Julien Lacroix, Maude Sabbagh, qui portaient sur sa vie privée.

« Nous tenons à exprimer notre vif désaccord quant aux trois griefs retenus. Nous considérons que ces griefs sont mal fondés et que de les retenir crée de dangereux précédents qui mineront la capacité de travail des journalistes, et pas juste ceux de La Presse. Accepter une telle décision reviendrait à miner la capacité des journalistes québécois de réaliser et de publier des enquêtes sur des sujets d’intérêt public », a souligné François Cardinal. « C’est pourquoi nous avons l’intention de porter cette décision en appel. »

Cinq autres griefs d’informations incomplètes, deux griefs de partialité et un grief d’informations inexactes ont été rejetés.