Après une courte pause, les négociations reprennent ce mardi entre le gouvernement et le Front commun, qui n’ont pas réussi à s’entendre avant Noël, malgré l’objectif de Québec en ce sens.

Après plusieurs jours de négociations intensives, les parties ont annoncé dimanche qu’elles interrompraient les discussions jusqu’au 26 décembre.

Une entente semblait pourtant proche entre les syndicats et le gouvernement, qui a maintenu jusqu’à la dernière minute l’objectif d’obtenir un règlement avant Noël.

Nouvelle cible : conclure une entente à la table centrale, où l’on discute des salaires, d’ici la fin de l’année, à défaut de quoi le Front commun menace de lancer une grève générale illimitée en janvier.

Ex-chef syndical de la CSN, Jacques Létourneau se montre néanmoins optimiste qu’une entente soit conclue à la table centrale au cours de la prochaine semaine.

Ces derniers jours, plusieurs avancées ont été réalisées aux tables dites « sectorielles », où se négocient les conditions de travail propres à chaque corps de métier. Au point même où 90 % des 420 000 travailleurs du Front commun ont désormais en main une « hypothèse de règlement », que leurs négociateurs présenteront à leurs délégués une fois une entente conclue à la table centrale.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Jacques Létourneau a été chef syndical de la CSN de 2012 à 2021.

Honnêtement, je ne vois pas comment ça pourrait ne pas se régler cette semaine.

Jacques Létourneau, ex-chef syndical de la CSN

M. Létourneau parlerait d’« échec » si une entente n’avait pas lieu avant le 31 décembre.

Le nerf de la guerre

Si les enjeux entourant les conditions de travail, comme la composition des classes, ont retenu l’attention, la question salariale demeure le nerf de la guerre, selon Jacques Létourneau.

Le gouvernement avait envoyé le signal qu’il était prêt à bonifier sa plus récente offre d’augmentations de salaire de 12,7 % en cinq ans. Le Front commun avait réclamé pour la même période une clause d’indexation de 18,1 % pour couvrir la hausse du coût de la vie et une augmentation de 7 % – au lieu de 9 % – à titre d’« enrichissement ». Il a remis en question la hausse de 7 % depuis.

M. Létourneau rappelle qu’elle ne touche pas seulement les enseignantes et les infirmières, mais « 300 types d’emplois dans le secteur public ».

Le gouvernement doit absolument faire un règlement salarial qui va satisfaire tout ce monde-là. Si ces gens ne sont pas satisfaits, on pourrait avoir une méchante surprise en janvier.

Jacques Létourneau, ex-chef syndical de la CSN

Car bien qu’une entente de principe soit conclue, ce sont ultimement les travailleurs qui trancheront lors d’assemblées générales.

Blocage

Pendant ce temps, la pression continue d’augmenter vis-à-vis de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui n’a annoncé aucune avancée avant l’ajournement des discussions dimanche.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le 22 décembre dernier, des membres de la Fédération autonome de l’enseignement, qui est en grève générale illimitée depuis plus d’un mois, ont manifesté dans les rues de Montréal.

En grève depuis fin novembre, elle se retrouve depuis vendredi dans une position isolée, le plus important syndicat d’enseignants, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), étant parvenu à s’entendre avec le gouvernement.

« Il aurait été davantage convenu que ce soit la FAE qui tire son épingle du jeu et qui fasse une entente de principe sectorielle », estime Jacques Létourneau.

Selon lui, le regroupement syndical ne pourra plus continuer dans la même voie encore longtemps. « La FAE peut bonifier légèrement l’entente, mais ce qui a été négocié par la FSE servira de base », affirme-t-il.

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 80 000 employées du réseau de la santé, a fait savoir dimanche que des « nœuds importants » persistaient à sa table de négociation.

Avec Vincent Larin et Tommy Chouinard, La Presse

Qui s’est entendu jusqu’ici ?

Les syndicats suivants en sont tous venus à des « hypothèses de règlement » avec le gouvernement. Celles-ci seront présentées à leurs délégués une fois qu’une entente sera intervenue à la table centrale, où les questions salariales font toujours l’objet de négociations. Une fois entérinées par les délégués, on pourra alors parler d’« ententes de principe » qui, elles, seront ensuite présentées aux membres pour adoption finale.

Éducation

  • FSE-CSQ (Fédération des syndicats de l’enseignement) : 95 000 enseignants provenant des régions hors du Grand Montréal et de la Capitale-Nationale
  • FNEEQ-CSN (Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec) : 35 000 membres, dont la vaste majorité des enseignants des cégeps publics, mais aussi certains travaillant dans des établissements privés et universitaires
  • FPPE-CSQ (Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation) : 10 000 membres répartis dans la majorité des centres de services scolaires et commissions scolaires du Québec
  • CPC – SCFP, FTQ (Conseil des collèges) : employés du secteur collégial représentés par le SCFP qui compte 13 600 membres en éducation
  • FPSS-CSQ (Fédération du personnel de soutien scolaire) : 40 000 membres, exclusivement du personnel de soutien
  • FEC-CSQ (Fédération de l’enseignement collégial) : 3000 professeurs des cégeps publics
  • FPPC-CSQ (Fédération du personnel professionnel des collèges) : 1600 membres faisant partie du personnel professionnel des cégeps
  • FPSES-CSQ (Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur) : 4301 membres travaillant dans des collèges, des universités et des organismes
  • FEESP-CSN (Fédération des employées et employés de services publics) : 65 000 membres de corps de métiers variés, mais comptant 35 000 employés de soutien au primaire et au secondaire et 600 au collégial
  • CPSS-SCFP (Conseil provincial du soutien scolaire), SEPB (Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau) et UES 800 (Union des employés et employées de service) affiliés à la FTQ : personnel de soutien scolaire

Santé et services sociaux

  • FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services sociaux) : 120 000 infirmières, membres du personnel paratechnique et de bureau et des techniciens, entre autres
  • APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) : 65 000 professionnels et techniciens du réseau de la santé et des services sociaux
  • FSQ-CSQ (Fédération de la santé du Québec) : 5000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes
  • FP-CSN (Fédération des professionnels) : 10 000 membres, dont 6000 techniciens travaillant dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais aussi 200 professionnels du secteur collégial en éducation
  • CPAS-SCFP (Conseil provincial des affaires sociales) : plus de 35 000 travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux
  • SQEES (Syndicat québécois des employées et employés de service) : environ 25 000 membres travaillant dans les centres d’hébergement privés, les entreprises communautaires, les centres de la petite enfance, et dans le transport scolaire et adapté