(Ottawa) Les chiens détecteurs qui travaillent à l’agence frontalière du Canada pourraient jouer un rôle plus important dans la détection du fentanyl mortel et des armes à feu illicites, suggère une évaluation interne qui a trouvé la possibilité de renforcer les mesures d’application.

L’Agence des services frontaliers du Canada dispose de dizaines de chiens dressés pour détecter la contrebande d’argent, de drogues, d’armes à feu et de produits alimentaires, végétaux et animaux.

Une évaluation récemment publiée par l’agence indique que le service de chiens détecteurs a contribué à réduire les menaces en interceptant efficacement ces marchandises réglementées et interdites à la frontière grâce à « des examens efficaces et non intrusifs qui permettent de gagner du temps ».

Le programme de l’agence frontalière emploie des labradors, des beagles et d’autres races, avec des chiens généralement âgés de 11 à 16 mois lorsque la formation commence dans un centre de Rigaud, au Québec.

Seulement un chien sur dix qui est soumis aux examens pour le programme est accepté.

Les chiens vivent avec leurs maîtres, voyagent dans des véhicules climatisés et ont une durée de vie professionnelle moyenne de six ans.

Chaque chien est entraîné à détecter un type d’odeur spécifique, ce qui signifie, par exemple, que ceux qui reniflent la monnaie ne sont pas utilisés pour détecter les produits alimentaires.

Les chiens étaient autrefois dressés à gratter, creuser, mordre et aboyer lorsqu’ils détectaient une odeur de contrebande, indique l’agence frontalière. Cependant, ils donnent désormais généralement un signal subtil à leur maître lorsqu’ils trouvent quelque chose.

En octobre 2021, le chien détecteur Piper et son maître Kyle ont été amenés à examiner une voiture arrivée des États-Unis via le pont Ambassador reliant Detroit à Windsor, en Ontario, indique le rapport d’évaluation.

Après que Piper a signalé plusieurs découvertes, les agents des services frontaliers ont découvert une arme de poing dont le numéro de série était enregistré, une deuxième arme de poing qui a été déterminée comme étant volée et 256 grammes de marijuana. Le conducteur a ensuite été condamné à un an de prison.

Il aurait fallu plusieurs heures et quatre ou cinq douaniers pour remorquer le véhicule et le radiographier, ajoute le rapport.

Rôle limité

Cependant, l’évaluation indique que, dans l’ensemble, le programme de chiens détecteurs a joué un rôle limité dans la détection des armes à feu de contrebande, offrant ainsi l’occasion d’évaluer comment les efforts « peuvent être maximisés dans ce domaine ».

Certaines parties du rapport ont été caviardées, car elles étaient jugées trop sensibles pour être rendues publiques.

En décembre 2021, le chien détecteur Kaya et son maître Tracey ont été appelés pour examiner une palette de cartons dans une installation maritime de la côte ouest. Un dispositif de détection de traces de stupéfiants n’avait rien révélé, mais Kaya a indiqué quelque chose d’intéressant.

« Des tests plus approfondis ont révélé que la substance inconnue était un précurseur du fentanyl, la quantité saisie étant évaluée à 18 millions », peut-on lire dans le rapport.

« Les chiens détecteurs non entraînés au fentanyl n’ont peut-être pas indiqué la substance, auquel cas elle n’aurait probablement pas été envoyée pour des tests plus approfondis. »

Avec l’augmentation des exportations de drogues illégales du Canada, y compris le fentanyl, l’interception de la cargaison a contribué à empêcher la production et la distribution d’une plus grande quantité de cette substance mortelle, ajoute le rapport.

Néanmoins, l’évaluation indique que certains maîtres-chiens et leurs gestionnaires ont perçu la nécessité de former davantage de chiens pour intercepter le fentanyl et les précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer de telles drogues.

Bien que le Canada ait légalisé la consommation récréative de cannabis en 2018, il reste illégal de transporter cette drogue à travers la frontière, note le rapport. Certaines personnes interrogées par l’équipe d’évaluation ont remis en question la nécessité de maintenir les restrictions aux frontières.

Le rapport d’évaluation recommande un examen plus approfondi du programme de chiens détecteurs, des résultats de performance et de l’allocation des ressources afin de déterminer la meilleure façon d’utiliser les animaux à des fins d’application de la loi.

Dans une réponse incluse dans le rapport, la direction de l’agence frontalière a accepté de terminer un tel examen d’ici juin pour garantir que le programme est « concentré sur les domaines les plus à risque ».