Une Ontarienne tombée malade après avoir mangé du cantaloup est la principale plaignante dans une deuxième action collective proposée concernant des infections à la salmonelle liées aux cantaloups à travers le pays.

Selon une déclaration déposée devant la Cour du Banc du Roi du Manitoba, Michele Lee Gagne, une habitante de Sarnia, en Ontario, a souffert de crampes abdominales, de diarrhée, et de vomissements au début du mois de novembre, après avoir mangé du cantaloup qui, selon elle, était contaminé par la salmonelle.

« La combinaison de ces symptômes est rare chez la plaignante, en particulier les vomissements », indique le document déposé par le cabinet d’avocats Siskinds, basé à London, en Ontario, le 22 décembre. Le cabinet a déclaré qu’il y avait des raisons « stratégiques » pour déposer le dossier au Manitoba, mais n’a pas donné plus de détails.

Une action collective proposée concernant les cantaloups contaminés a été déposée au Québec plus tôt en décembre, tandis qu’une troisième est en cours en Colombie-Britannique.

La plainte déposée au Manitoba cite la société mexicaine Malichita, qui a cultivé les melons, et deux entreprises américaines – Trufresh à Nogales, en Arizona, et Dulcinea à Los Angeles – qui ont importé et distribué les fruits pour les vendre au Canada et ailleurs.

Il est allégué que les trois défenderesses ont fait preuve de négligence en omettant de tester les cantaloups avant qu’ils ne se retrouvent dans les magasins ou les restaurants, en violation des lois sur la protection des consommateurs.

Les réclamations n’ont pas été jugées devant les tribunaux, et les actions collectives proposées doivent être certifiées par les tribunaux pour aller de l’avant.

Au Canada, sept personnes sont mortes de salmonelle liée à des cantaloups, et il y a eu 164 cas confirmés en laboratoire dans huit provinces, dont 111 au Québec, a indiqué l’Agence de la santé publique du Canada dans sa dernière mise à jour le mois dernier. L’organisation indique que la majorité des personnes tombées malades sont âgées de cinq ans ou moins, et de 65 ans et plus.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments a publié pour la première fois des avertissements de rappel le 1er novembre, qui ont ensuite été élargis pour inclure les cantaloups des marques Malichita et Rudy, ainsi que divers types de cantaloups prédécoupés et des plateaux de fruits vendus en magasin.

Bridget Moran, l’avocate de Mme Gagne, a déclaré que la femme de 52 ans a été malade pendant 10 jours après avoir mangé du cantaloup.

Elle a affirmé que les trois accusés n’avaient pas encore reçu de documents judiciaires. Ils n’auront peut-être pas besoin de déposer des déclarations de défense jusqu’à ce que le procès soit certifié, si cela se produit, a noté Mme Moran.

Dulcinea n’a pas répondu à une demande de commentaires et les représentants de Malichita n’ont pas pu être contactés.

Rafael Roiz, président-directeur général de Trufresh, a déclaré qu’il ne pouvait pas commenter cette affaire en raison de l’action en justice en cours. Mais dans une déclaration à La Presse Canadienne, il a exprimé sa sympathie aux personnes touchées par l’épidémie de salmonelle.

« Nous sommes conscients qu’aucun mot ne pourra réconforter les personnes et leurs familles qui ont ressenti le plus grand impact, peut-on lire dans la déclaration. Nous continuons de travailler avec nos fournisseurs, nos clients et les autorités sanitaires pour enquêter sur la manière dont la contamination a pu se produire. »

Toute personne au Canada qui serait tombée malade ou qui serait décédée à cause de cantaloups contaminés pourrait s’inscrire pour faire partie du recours collectif intenté au Manitoba, a affirmé Mme Moran.

Saro Turner, un avocat basé à Vancouver pour Slater Vecchio, le cabinet d’avocats qui a déposé l’action collective proposée au Québec, a déclaré que le cabinet devrait également intenter une action collective en Colombie-Britannique plus tard ce mois-ci, afin que des personnes venant d’ailleurs dans le pays puissent y participer.

La poursuite au Québec, qui désigne Malichita et Trufresh comme défendeurs, se limite aux cas de cantaloups contaminés dans cette province. Elle allègue qu’un Montréalais a passé près d’une semaine à l’hôpital en novembre avec une infection confirmée à la salmonelle après avoir mangé des cantaloups.

Un agent pathogène robuste

Siyun Wang, professeure agrégée d’ingénierie en matière de sécurité alimentaire à l’Université de la Colombie-Britannique, a expliqué que le cantaloup est cultivé dans les buissons et qu’il est particulièrement vulnérable aux salmonelles transportées par les animaux sauvages, tels que les reptiles dont les excréments peuvent contaminer le sol.

« Une caractéristique majeure de la salmonelle, par rapport à de nombreux autres agents pathogènes d’origine alimentaire qui rendent les gens malades, est qu’elle peut être transportée par une très grande variété d’hôtes », a-t-elle détaillé, en la comparant à E. coli, qui est principalement transportée par le bétail.

La salmonelle est également un agent pathogène plus robuste qui peut survivre dans des conditions très sèches et qui a tendance à rester collé à la croûte rugueuse des cantaloups.

Les consommateurs doivent bien laver les melons avant de les manger, mais cela relève principalement de la responsabilité des fournisseurs de produits alimentaires, a affirmé Mme Wang. Elle a ajouté que les machines équipées de brosses pour nettoyer de grandes quantités de cantaloups, généralement avec une solution chlorée, pourraient ne pas être efficaces si les melons sont déplacés et contaminent les autres.

Le cantaloup précoupé est plus vulnérable à la contamination et devrait être évité, a-t-elle dit.

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