(Québec) Les enseignants qui ne sont pas au sommet de l’échelle salariale toucheront des augmentations de 20 % à 24 % en cinq ans, selon l’entente de principe conclue entre le gouvernement Legault et la Fédération des syndicats de l’enseignement affiliée à la CSQ (FSE-CSQ).

Cet accord, que La Presse a obtenu, prévoit en effet une bonification moyenne de 4 % des échelons salariaux qui s’ajoute à l’augmentation de 17,4 % prévue pour tous les autres employés de l’État.

L’entente de la FSE-CSQ, qui fait partie du Front commun et qui compte 95 000 membres (60 % des enseignants), comprend également une enveloppe de 74 millions de dollars par année pour alléger la composition de la classe.

La semaine dernière, on rapportait que la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), dont les 60 000 membres ont fait la grève pendant 22 jours, a conclu une entente prévoyant 33 millions de dollars au chapitre de la composition de la classe.

Hausses salariales

Sur le plan salarial, pour presque tous les échelons, l’entente de la FSE-CSQ comprend une bonification supérieure à l’augmentation de 17,4 % en cinq ans qui s’appliquera aux autres employés de l’État en vertu de l’accord intervenu entre Québec et le Front commun pendant les Fêtes. Seul le salaire au dernier échelon, où se retrouve une majorité des enseignants, augmentera de 17,4 %. Il atteindra ainsi 100 246 $ cette année et 109 121 $ en 2026.

Le salaire d’entrée dans la profession pour un bachelier en enseignement (ce qui correspond à l’échelon 3) bondira de 20,3 %, passant d’environ 53 000 $ à l’heure actuelle à 60 000 $ cette année et à un peu plus de 65 000 $ en 2026.

TABLEAU FOURNI PAR LA FSE-CSQ

Tous les autres échelons (toujours à l’exception du dernier) sont bonifiés de façon plus importante encore.

Par exemple, les salaires des échelons 4, 5, 6 et 7 bondissent de 20,9 %, 22,7 %, 24,5 % et 24,1 % respectivement d’ici 2026-2027. On parle d’un peu plus de 23 % pour les échelons 8, 9 et 10 ; et de 21,1 % pour les échelons 11 à 15.

Selon l’entente, les échelons salariaux des enseignants sont ainsi bonifiés de 4 % en moyenne, ce qui s’ajoute à l’augmentation de 17,4 % applicable à tous les employés de l’État.

Cette bonification de 4 % en moyenne des échelons représente un coût récurrent de 130 millions de dollars par année, à terme, pour le gouvernement.

Le document obtenu par La Presse ne le précise pas, mais on comprend que les membres de la FAE toucheront eux aussi ces augmentations négociées par la FSE-CSQ. Il n’y aura pas deux échelles salariales pour les enseignants en fonction de l’affiliation syndicale.

Composition de la classe

L’entente de la FSE-CSQ prévoit une enveloppe pour les enjeux liés à la composition de la classe représentant un coût de 74 millions de dollars par année pour le gouvernement.

Il y a ajout d’une ressource additionnelle à mi-temps en maternelle 5 ans, « attribuée de façon dégressive en fonction du nombre d’élèves par groupe jusqu’à épuisement des sommes ». On parle d’un investissement de 18,6 millions.

Pour le primaire, une enveloppe de 18,6 millions est prévue pour « l’ouverture de groupes » et « l’ajout d’enseignants » en vertu d’un « mécanisme local d’identification des milieux difficiles ».

Au secondaire, en vertu du même mécanisme, il y a, « en priorité, l’ajout d’heures TES » [technicien en éducation spécialisée], « l’ouverture de groupes, l’ajout de périodes et l’ajout de personnel enseignant », et enfin « l’ajout de ressources autres ». L’opération coûtera 24,8 millions.

Diverses autres mesures de près de 12 millions sont comprises dans l’entente afin, par exemple, d’ajouter des classes de répit ou encore de créer des classes d’accueil pour les élèves issus de l’immigration.

Contrairement à la FAE, il n’y aurait pas pour les membres de la FSE-CSQ de mécanismes menant à une compensation allant jusqu’à 8000 $ si le gouvernement ne parvient pas à ouvrir de nouvelles classes ou à fournir de l’aide supplémentaire aux enseignants qui ont beaucoup d’élèves en difficulté dans leur classe.

Selon le document que La Presse a obtenu, le gouvernement a obtenu en contrepartie, par exemple, « l’obligation de terminer tous les processus d’affectation-mutation » des enseignants « au plus tard le 8 août », donc plus tôt qu’à l’heure actuelle.

Comme dans l’entente de la FAE, l’accord de la FSE-CSQ comprend l’ajout de 4000 aides à la classe dans l’ensemble du réseau, au coût récurrent de 210 millions.

L’entente conclue entre le gouvernement et la FSE-CSQ commence à circuler puisque les assemblées syndicales se tiendront bientôt pour permettre aux membres de se prononcer.

La FSE-CSQ est le premier syndicat d’enseignants à avoir conclu un accord de principe avec Québec, le 22 décembre. La FAE a obtenu le sien le 27 décembre.